L’électricité à Arcachon (1904-1907)

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L’électricité à Arcachon

(1904-1907)

 

1904

 

(Avenir d’Arcachon N° 2667 du 17/01/1904)

Le gaz et l’électricité – Le Conseil d’État vient de rendre un arrêt qui aura du retentissement dans les milieux industriels où le gaz et l’électricité luttent pour l’éclairage des villes. Il a, en effet, donné tort à la ville de Lourdes dans son procès contre la Compagnie du gaz et des eaux, « attendu, dit l’arrêt, que l’expertise démontrait que l’éclairage électrique ne serait pas plus économique à Lourdes que l’éclairage par le gaz au moyen des becs perfectionnés. » En conséquences, le Conseil d’État a jugé que la ville n’était pas en droit d’exiger de la Compagnie l’application de l’éclairage électrique.

 

(Avenir d’Arcachon du 22 mai 1904)

Depuis quelques temps nous voyions un grand nombre d’ouvriers et de peintres occupés aux façades du Grand-Hôtel. C’était, pensions-nous, une toilette de printemps ! C’était mieux que cela.

Poussé par la curiosité nous avons demandé quels travaux on méditait, et à ce propos nous avons obtenu de visiter à l’intérieur. Là, nous avons encore trouvé des ouvriers de tous corps d’état. Le programme des travaux comporte, paraît-il, une élégante restauration de tout l’intérieur du Grand-Hôtel ; notamment peintures, tentures, mobilier, appartements aménagés au goût du jour tel que l’observent tous les grands hôtels modernes (et l’on sait que le Grand-Hôtel d’Arcachon est du nombre) ; enfin pour couronner cette œuvre, il est question de l’installation de l’éclairage électrique.

Nous ne sommes pas étonnés que M. Léon Lesca, le propriétaire de ce bel immeuble, tienne à lui conserver son caractère de 1er ordre ; et nous connaissons l’intelligente activité de M. Ferras qui a fait ses preuves à Paris et à Arcachon depuis de longues années. Le Grand-Hôtel est trop en bonnes mains, pour que sa renommée n’aille pas toujours en croissant.

Notre saison estivale va donc s’ouvrir sous les plus heureux auspices et Arcachon sera désormais à même de donner satisfaction à la clientèle la plus élégante.

Le Casino de la Plage se présente sous des formes grandioses ; il alliera certainement le luxe au grand confort. Ce nouvel établissement va venir dans une heureuse harmonie, compléter les centres qui, dans notre cité, sont offerts à la haute colonie et rivaliser avec les stations voisines.

Qui n’a fait que passer à Arcachon, et ne connaît ce superbe monument carré, précédé d’une magnifique terrasse belvédère et qui s’appelle le Grand-Hôtel !

Ce magistral établissement fondé en 1866 (il y a 38 ans), n’a jamais cessé d’être mis au courant du progrès moderne ; on peut dire qu’il est à la fois le plus ancien et le plus neuf d’Arcachon.

Son ascenseur hydraulique dessert ses trois étages avec une douceur et une maniabilité appréciée des clients les plus difficiles.

Le Grand-Hôtel possède, au troisième étage, un réservoir de 2.000 litres d’eau pour le cas d’incendie, canalisation générale d’eau chaude et eau froide avec postes d’eau à chaque étage, pour faciliter le service de 40 domestiques, car le personnel n’est pas moins nombreux.

Les couloirs larges et clairs, à angles droits, assurent un aérage intérieur intense, selon le mode américain. Le chauffage central est entretenu par deux puissants calorifères. À tous les étages doubles w.-c. à eau.

Le service d’hydrothérapie comprend trois salles de bains à eau douce et à eau salée ; et pour l’été cinquante cabines de bains ouvertes sur la plage.

Au point de vue tourisme et communications extérieures, nous notons le téléphone, un vaste garage à automobiles, un autre pour bicyclettes, un cabinet noir photographique, etc. D’ailleurs l’AutomobileClub l’a pris comme hôtel uniquement affilié, invité en cela par les meilleures agences de voyage.

Le Grand-Hôtel offre cinq grands appartements de famille, avec salons y attenant ; sans compter les 120 chambres toutes communicantes et indépendantes.

Ces cinq appartements luxueusement meublés donnent vue sur la mer et se font remarquer par la beauté princière de leur ameublement autant que par la grandeur des pièces qui les composent.

Les cabinets de toilette sont disposés de façon à isoler la pièce dont ils relèvent de tout bruit extérieur.

Les chambres, toutes à cheminées, spacieuse, à plafond élevé, s’ouvrent toutes sur balcon ; celles sur la mer ont double fenêtre. Et ainsi à toutes les façades.

Si l’on veut se donner une idée nette du luxe et de la somptuosité du Grand-Hôtel, il suffit de contempler le Hall de 22 mètres sur 10, et 8 mètres de haut, meublé de jeux ; et dans ce même rez-de-chaussée, à l’ouest et de plein-pied, le salon de lecture, de musique, où se donnent les fêtes fashionnables ; à droite la grande salle à manger ; à l’est le restaurant vitré mesurant 12 mètres de large sur 24 de long.

Sur la mer un promenoir dont le pied baigne dans les eaux, et où la haute société étrangère vient assister à toutes les régates.

Les charmes extérieurs du Grand-Hôtel, son féérique panorama sur le Bassin d’Arcachon, ses jardins fleuris et ombragés entre la mer et le boulevard, en font le rendez-vous le plus sélect qui se puisse voir.

De leur Grand-Hôtel et de leur Casino de la Plage, sont Arcachonnais sont légitimement fiers, et fondent sur eux les principales espérances pour le succès croissant de notre élégante station.

 

(Avenir d’Arcachon N° 2689 du 19/06/1904)

Casino de la Plage – Depuis quelques années, nous constatons avec jalousie que la clientèle élégante et mondaine de Biarritz et Royan fait leur fortune. Cependant une ère nouvelle semble s’ouvrir pour Arcachon, et nous, gens de l’avenir, voulons être des premiers à saluer cette aurore.

Le Casino de la Plage que nous demandons depuis vingt ans (12 mars 1884), répond à un véritable besoin, est assuré d’un éclatant succès qui récompensera cette vaillante et splendide initiative. Dans son essor fécond, vers les destinées de progrès qu’exigent la vie moderne, il palpite déjà vainqueur au sein d’une atmosphère radieuse, secoue et fait bruire le peuple généreux des pionniers qui l’embellissent, et emporte avec soi notre cité qui s’éveille, vers des espérances nouvelles, des horizons sans limites, les gloires des lumières d’or et le triomphe des renommées.

Sur la route de Chaumont, la famille de Mortemart avait fait construire un château style Renaissance, qui s’appelle le château de Boursault, que l’on aperçoit du chemin de fer, et qui est actuellement encore habité par la duchesse d’Uzès. Un ancien maire d’Arcachon, M. Deganne, qui était originaire de Vertus, chef-lieu de canton de la Marne, avait été frappé par la beauté de cette construction, et en avait fait édifié une réduction dans notre ville, qui n’est autre que le Château Deganne.

Sa situation merveilleuse au bord du Bassin, et qui en faisait le quatrième angle du quadrilatère Arcachonnais, le Grand-Hôtel, le Casino Mauresque et la Gare, présentait le Château comme site tout indique pour un Casino de la Plage.

On raconte que vers 1860, M. Deganne avait offert son Château à Napoléon III espérant ainsi amener à Arcachon la riche clientèle de la cour que l’impératrice voulait au contraire entraîner vers Biarritz pour être plus près de l’Espagne, sa terre natale, et de sa sœur la duchesse d’Albe. L’empereur demanda alors quel prix on demandait de cet immeuble. « Le plaisir et l’honneur de vous l’offrir » fut-il répondu. « C’est trop cher » répartit l’énigmatique souverain.

Toujours est-il que le Château Deganne est un des trois principaux monuments de notre cité ; et il est préférable qu’au lieu d’être resté d’ordre privé, habité par des propriétaires ou des locataires, il soit devenu monument public, appelé par sa destination nouvelle, à être très utile à la population et surtout très apprécié de la colonie étrangère, qui, en toute saison, y trouvera un centre d’attraction de premier ordre, et en fera son rendez-vous préféré.

La propriété entière comprend 6.000 mètres de parc, et 400 mètres de Château. Or ce Château va être accru des deux tiers.

En effet, du côté nord, le Hall qui contient une ravissante loggia hémicycle pour les concerts, mesure 650 mètres superficiels ; du côté midi, les terrasses comptent 150 mètres ; c’est donc de 800 mètres que les bâtiments s’agrandissent, et que le Château-Casino (qui nous rappelle un peu le château des Ardennes ayant même destination), représente, )à l’heure actuelle, une superficie générale de 1.200 mètres au total ; ce qui lui permet d’affronter avantageusement la comparaison avec n’importe quel autre établissement similaire.

Nous sommes allé hier visiter les travaux pour nous rendre compte de l’effet produit par l’aspect général. L’impression produite est saisissante et flatteuse, encore restons-nous bien en deçà de ce que donnera l’exécution définitive.

De l’avenue de la Gare et de l’avenue Nelly-Deganne, le Château se dresse en amphithéâtre à l’extrémité d’un jardin ornementé de galeries à la française. On y accédera par une allée circulaire permettant aux voitures d’évoluer, et amenant directement le public aux portiques d’entrée du Casino. Là se trouvent l’escalier d’honneur qui mène aux Salons du rez-de-chaussée, et la galerie qui conduit au hall.

Les salons de l’est, au rez-de-chaussée, seront, croyons-nous, affectés aux bals et concerts classiques. Le salon du Cercle, à l’ouest, est une salle voûtée de très grande allure, style Louis XIV, offrant tout le confortable moderne, avec des annexes permettant de jouir du coup d’œil du hall et de son animation. Tous les salons du rez-de-chaussée ont d’ailleurs des galeries particulières avec vue directe sur le hall.

Plus au nord du Hall, court une terrasse merveilleuse en bordure de la mer, 80 mètres de long sur 10 de large. Le panorama que l’on embrasse, de cette promenade, est unique : tout le Bassin d’Arcachon dans son arc de 75 kilomètres de périmètre ; à droite le débarcadère dont partent à toute heure du jour les vapeurs de promenade ; au loin dans l’horizon imprécis, les pourtours de l’Ile aux Oiseaux ; sur la gauche, et dans l’ouest, les admirables couchers de soleil qui, dans les belles soirées ensanglantent le ciel, comme un féerique décor de la Nature en fête.

D’ailleurs le Château vu de la mer, offrira lui aussi un spectacle enchanteur, car ce somptueux édifice étincellera le soir de toutes les magies des lumières électriques.

L’avenir nous réserve encore des surprises avec le Théâtre qui se dessine à l’ouest, et dont les proportions grandioses occuperont tout le vaste espace qui va du Château au Débarcadère.

Nous pouvons dire que ce qui nous a le plus frappé dans cette conception architecturale, sont les majestueuses et superbes proportions du Hall. Il n’y a pas dans tout Arcachon une salle de réception plus magnifique par son étendue. Le nombreux Congrès de 1905 y pourra tenir ses assises scientifiques.

En résumé, le Casino de la Plage avec le Grand-Hôtel, classé depuis longtemps par ses proportions grandioses parmi les premiers édifices du Sud-Ouest, constituent à eux deux les monuments du littoral du Bassin d’Arcachon.

Ils donnent à notre ville, qui doit être élégante, sportive et mondaine, son caractère de grand luxe.

Ils prouvent une fois de plus qu’une cité qui n’a pas cinquante ans d’âge est une toute jeune beauté, qui s’éveille dans des langes brodés d’azur, d’argent et de carmin. Tout est à faire pour cette enfant du miracle. C’est à peine si elle a ébauché ses premiers pas. Elle ne demande qu’à grandir, entourée de l’amour et du dévouement des siens, de ceux-là seuls qui savent ce qu’elle vaut, qui en font l’objet de leur vie, de leurs constants efforts, qui, en un mot, croient inébranlablement en son glorieux avenir.

E. G.

 

(Avenir d’Arcachon N° 2696 du 07/08/1904)

Casinos d’Arcachon – Lundi 1er août, avait lieu au Casino de la Plage (Château Deganne), l’inauguration de l’éclairage électrique. Tant à l’intérieur qu’à l’extérieur, l’effet était magique et saisissant ; un public nombreux ne tarissait pas en éloges à l’adresse de la direction des Casinos.

– Mardi soir, la Belle Hélène, musique d’Offenbach, a été interprétée au Casino de la Forêt aux applaudissements d’une chambrée très élégante.

– Mercredi soir, les Cloches de Corneville, ont également fait salle comble, ce qui est tout à l’honneur des acteurs, des actrices et de l’orchestre. L’excellent artiste M. Letellier a interprété le rôle du père Gaspard, , dans la scène du château, avec une saisissante vérité.

– Jeudi, l’Administration des Casinos a fait une éclatante inauguration du Hall et des Salons du Casino de la Plage. Un brillant concert a charmé de monde des baigneurs de la station et les baigneuses dont les fraîches et ravissantes toilettes donnaient à cette fête un caractère éblouissant.

– Vendredi, l’après-midi et le soir, concert instrumental au Casino de la Plage.

– Samedi, salle d’Euterpe, le Jour et la Nuit.

– On annonce pour mercredi 10, salle d’Euterpe, trois comédies par la tournée Baret : l’Attaque nocturne, du Théâtre Antoine ; le Captif, de Tristan Bernard ; Madame Blanchard, une fantaisie du Vaudeville, comme intermède sensationnel, les Elks danseront le cake-walk dont ils sont les importateurs en France.

– L’ouverture simultanée des deux Casinos est un événement dans notre station balnéaire, heureusement dû à l’initiative privée ; et la saison ouverte avec ampleur se poursuit pleine d’espérances.

 

(Avenir d’Arcachon N° 2709 du 06/11/1904)

Question d’éclairage – On lisait récemment dans un des journaux bordelais qu’inspire le Maire que : « La Ville d’Arcachon avait passé un contrat léonin avec la Société d’éclairage, grâce aux municipalités d’antan. »

Outre que c’est un procédé un peu usé, de charger les municipalités antérieures de tous les pêchés d’Israël, et qu’il serait prudent pour une administration, si brillante se croit-elle, de songer qu’elle deviendra elle-même, peut-être plus tôt qu’elle ne le croit, elle aussi une municipalité d’antan ; le reproche que formule l’administration actuelle est aussi injuste que dénué de fondement ainsi que nous l’avons maintes fois démontré.

On appelle contrat léonin, le contrat qui serait conclu comme celui du lion de la fable, qui pour s’attribuer toutes les parts de la chasse, se fonde uniquement sur son bon plaisir, sur ce que la raison du plus fort est toujours la meilleure. Quia nominor leo, parce que je m’appelle le lion et que la force prime le droit, disent ironiquement Phèdre et Lafontaine.

Quand un contrat a été librement débattu et que ses clause ont été librement acceptés par les parties en jeu, il ne saurait être question de contrat léonin, puisqu’il n’y a eu ni pression ni oppression.

La Ville avait besoin de remplacer ses lanternes par l’éclairage au gaz ; de même qu’à une autre époque elle a désiré pour son alimentation en eau potable, remplacer ses puits artésiens devenus insuffisants, par l’adduction des eaux d’une nappe voisine.

Comme une ville ne peut entreprendre et gérer une opération industrielle, que d’autre part ses finances ne lui permettaient pas de tenter une entreprise aussi dispendieuse ; elle s’est, dans l’un et l’autre cas, adressée à des Sociétés capitalistes, qui acceptant de courir les chances de l’affaire, se sont engagées à pourvoir à ses services publics, l’éclairage ou l’alimentation potable, à faire les grosses dépenses d’installation qu’ils nécessitent, et qui ont débattu avec la municipalité d’alors, les redevances légitimées par ces premières sorties de fonds.

Ce serait calomnier ces municipalités que supposer qu’elles n’ont pas défendu nos intérêts de leur mieux.

Après avoir bénéficié de l’avantage énorme qui a résulté pour Arcachon de la transformation d’un éclairage rudimentaire en un éclairage effectif, ce serait manquer de bonne foi en affaires, que de vouloir revenir sur des clauses librement consenties et d’ailleurs irrévocablement acquises.

Pour se donner les gants de critiquer le contrat primitif, il faut, si l’on est loyal, se reporter à l’époque où il a été passé, tenir compte de la difficulté du but que l’on poursuivait, de l’impossibilité de parfaire la dépense autrement, et du service rendu, absolument comparable aux sacrifices exigés.

Il faut, si l’on est franc, reconnaître en outre que, d’une part, la municipalité d’antan avait prévu le perfectionnement de l’éclairage, par l’électricité par exemple, ce dont entre parenthèses la municipalité actuelle ne semble guère savoir profiter ; et que, d’autre part, la même Société n’a jamais refusé d’abaisser ses prix, conformément à ses promesses et au fur et à mesure de l’augmentation de la consommation ; qu’enfin cette même société s’est ingéniée à procurer à la consommation publique le perfectionnement de l’avantage des becs Auer, et à la consommation privée, notamment aux petites bourses, les avantages des compteurs automatiques à bon marché.

Voilà quelques points qu’il ne faudrait pas oublier, si l’on voulait être juste. Mais il n’est pire sourd que celui qui ne veut pas entendre.

Heureusement que les polémiques administratives contre les municipalités d’antan et le contrat léonin ne peuvent rien contre le droit.

Mais n’est-ce pas amusant de voir une administration municipale qui feint de se plaindre d’être critiquée, s’abandonner elle-même à des récrimination aires-douces, qui aggravent ses propres fautes, alors que dans l’impuissance de bien faire, elle tâche de rejeter sur l’histoire ancienne des responsabilités de pure invention.

Ceux qui ont conscience de faire ce qui est inutile, ne perdent pas ainsi leur temps à incriminer inutilement les autres.

 

1905

 

(Avenir d’Arcachon)

Casino de la Plage – Avec la permission de M. Blavy, entrepreneur des travaux du Casino de la Plage, nous sommes allés visiter la construction du théâtre du Casino, qu l’on édifie en annexe du Château Deganne, et en lire les plans.

Le Théâtre du Casino de la Plage aura son ouverture sur le Hall, avec une largeur d’entrée de 6 mètres 50 environ. Le premier pas-perdu donne sur trois baies ou entrées de 2 mètres 18 de large qui conduisent à un autre pas-perdu donnant accès à droite et à gauche sur deux cages d’escalier.

Mais restons au rez-de-chaussée. Ces pas-perdus ou vestibules de 6 mètres 50 de large sur 4 mètres 25 de long, amènent de plain-pied aux fauteuils d’orchestre qui sont au nombre de 240 environ. À droite et à gauche des fauteuils, s’ouvrent 14 loges de rez-de-chaussée, soit 7 de chaque côté.

Le sol de l’orchestre compte 9 mètres de long sur 2 mètres de large. De chaque côté du sol de l’orchestre, se trouve une loge d’avant-scène de 3 mètres de long sur 1 mètre 85 de large.

Les fauteuils et loges sont desservis par un couloir mesurant, de chaque côté, 20 mètres de long sur 2 mètres de large. Chaque couloir sera éclairé par 10 croisées, donnant les unes sur le parc, au midi, et les autres sur le Bassin, au nord.

La scène mesurera 14 mètres 90 de long sur 13 mètres de profondeur. Les dépendances de la scène affectées aux loges d’artistes, desservies également par un couloir de 1 mètre 10 de large, auront une largeur de 3 mètres de chaque côté.

Au dessous de la scène est une cave de même dimension, affectée au maniement des rideaux et à la disparition des décors à vue. De chaque côté de la scène, au rez-de-chaussée, se trouvent également deux escaliers destinés au service des artistes et des employés.

Montons maintenant, si vous voulez bien, au premier étage.

Par les escaliers affectés, comme nous l’avons dit, au public, on atteint un amphithéâtre de 8 mètres de long sur 7 de large. Cet amphithéâtre est desservi, comme en bas, par deux couloirs de mêmes dimensions que ceux du rez-de-chaussée, et assurant le service de deux loges d’avant scène et de 82 fauteuils de première galerie.

Les fenêtres du premier étage sont de même nombre et mêmes dispositions que celles du rez-de-chaussée.

À l’arrière de l’amphithéâtre, un balcon donnera sur le Hall du Casino, ce qui permettra, pendant les entractes, de jouir de la vue du public ou de la fête donnée dans ce hall.

L’éclairage à l’électricité du Théâtre s’effectuera par des châssis placés au sommet de la toiture, et d’où s’épandra la lumière sur toute la salle et la scène.

Les décors intérieurs de la salle de Théâtre seront en staff, dans la facture et le style de ceux qui ornent déjà le Hall.

– Le Théâtre du Casino de la Plage, étant relié directement avec le Hall du Château, offrira, à l’extérieur, une toiture en pavillon, mais ne comportera en réalité que trois façades.

La façade donnant sur le parc, fera une hauteur, jusqu’au faîtage, de 14 mètres 50, au dessus du sol des jardins du Château. Elle est naturellement dans le style de celui-ci, et agrémentée, dans les toitures, de lucarnes en clochetons.

La façade donnant sur la rue du Débarcadère, formera pignon avec trois entrées donnant dans les sous-sols, pour les seuls besoin du service. Cette façade muette, puisqu’elle n’est pas destinée au public, est cependant monumentale dans ses proportions, puisqu’elle mesure 26 mètres 50 de long, sur 21 mètres 50 de haut. Des ouvertures vitrées donneront des jours sur la scène et dans les loges des artistes.

La façade au nord, sur la mer, sera la plus belle. Elle comporte, au rez-de-chaussée,13 fenêtres éclairant les couloirs du Théâtre et donnant sur la terrasse du Château, c’est à dire en vue de la plage. Cette façade, longue de 36 mètres, offrira, jusqu’au faîtage, une hauteur de 14 mètres 50. Du côté du Hall, comme pour la façade du côté du jardin, la toiture formera pavillon.

On s’imagine aisément comment cette construction de 36 mètres de long, rehaussera, en le complétant, l’aspect d’ensemble du Casino de la Plage, vu du côté de la mer.

Nous bornerons là ces détails techniques sur des travaux qui seront l’heureux couronnement d’une œuvre grandiose et généreuse, accueillie d’ailleurs par le public avec un enthousiasme encourageant.

 

(Avenir d’Arcachon N° 2732 du 16/04/1905)

Casino de la Plage – Nous avons dans un précédent article donné les détails de construction du théâtre au Casino de la Plage. Ce théâtre s’élève rapidement ; un des pignons est au faîte et la maçonnerie est déjà montée aux deuxièmes galeries ; les fers sont arrivés ; et l’on peut prévoir que les travaux seront exécutés et finis au mois d’août.

La cabine pour l’éclairage à l’électricité est entièrement construite, et les machines commandées à la Maison Morse vont arriver incessamment.

Cette cabine est fort intéressante. Elle contient des blocs importants pour supporter les machines, et des excavations aux formes variés, à parements cimentés pour en permettre l’encastrement ; de plus, des rigoles également cimentées pour l’écoulement des eaux ; sur main gauche une soute à charbon ; au fond une pièce spéciale pour caser les accessoires et ustensiles affectés aux machines ; un w. c. a même été prévu, communiquant avec celui de la scène, pour qu’aucune communication ne soit possible de la cabine avec le théâtre.

Grâce à ces aménagements, la rue du Débarcadère a été très heureusement dégagée des contre-forts en sable qui encombraient les trottoirs.

Comme le parc au Casino de la Plage est beaucoup plus haut que celui de la chaussée vicinale, on a eu l’excellente idée de remplacer le mur sans caractère qui limitait la voie, par une série de magasins qui égayeront ce passage très fréquenté par le public des vapeurs de promenade.

Ces magasins au nombre de onze s’étendent depuis l’encoignure du boulevard, tout le long de la rue du Débarcadère, jusqu’à la cabine de l’électricité. Ils mesurent en moyennent cinq mètres sur quatre.

An dessus de ces magasins courra une galerie cimentée destinée à la clôture et à l’embellissement du parc ; elle sera longue de 50 mètres environ, sur une largeur de 5 mètres 50, et pourvue de balustres en pierre dans le même style que ceux de la façade du château.

Nous remarquerons à ce propos, que les vespasiennes situées ru du Débarcadère ont disparu. Nous rappellerons à l’administration oh ! combien sympathique de M. Veyrier-Montagnères, qu lorsqu’on enleva les vespasiennes de la place Thiers, ce fut sur la demande d’un Café qui n’existe plus et sur la promesse formelle qu’un buen-retiro de même nature serait installé place Thiers un peu plus loin. Il était même question, (si le maire habitait Arcachon !) qu’il s’inquièterait des propositions qu’on lui faisait pour l’agrandissement de ladite place Thiers, et de l’acquisition d’un passage à cabines ; ce qui aurait permis de donner à cette promenade publique une largeur normale. Ceci soit dit en passant ; car il est bien évident que M. le Maire a de plus nobles pensées en tête que les questions de vespasiennes, d’égouts, de caniveaux et de voirie urbaine.

Pour en revenir au Casino de la Plage, nous constatons avec plaisir que cette initiative privée qui a donné du travail à un grand nombre de nos ouvriers, est conduite avec autant d’intelligence que d’activité.

Si nous avons la bonne fortune d’avoir vu cette œuvre importante se réaliser au cœur d’Arcachon, et non ailleurs, nous sommes autorisés, par ces prémisses et débuts, qui ont été des plus brillants, de conclure que le Casino de la Plage est appelé à devenir avec le Casino de la forêt et le Grand-Hôtel, les premiers monuments de la station.

Le Casino de la Plage va être encore cette année, et de plus en plus à chaque saison estivale, le rendez-vous de la colonie élégante, et une des sources les plus fécondes de la publicité effective pour notre station.

– Dimanche prochain 16 courant, de 3 heures et demie à 5 heures et demie, au Casino de la Plage (Grand Hall des Concerts), Concert Symphonique sous la direction de M. E. de Mendiry.

Programme : Les Soldats de la Reine (marche) de Parry ; La Belle Ferronnière (ouverture) de Hubans ; La Madriparivienne (valse) de Tellam ; L’Eté de Braggers ; Au Moulin de Gillet ; La Fauvette du Temple (fantaisie) de Tavan ; Pavane des Fées de Messager ; Le Fringant (marche) de Parès.

Prix d’entrée : Réservées 1 fr ; Premières 0 fr 50 ; Promenoirs 0 fr 25.

Les Concerts qui avaient lieu les jeudis auront lieu dorénavant les dimanches.

 

(Avenir d’Arcachon N° 2742 du 25/06/1905)

Casino – Vu de l’extérieur, le Casino de la Plage devient avec le Grand-Hôtel et le Casino Mauresque de la forêt, l’un des trois monuments arcachonnais. Ceci me rappelle que lorsque je plaidais pour obtenir la construction d’un casino de la plage, il m’était naturel de parler du quadrilatère arcachonnais, c’est à dire des trois édifices précités, plus la Gare de notre station. La Compagnie du Midi a depuis formé le projet d’abandonner la gare actuelle pour les marchandises, (les expéditions journalières de poissons et huîtres légitiment cette affectation) ; et de construire en face de la poste, une gare de voyageur qui pourrait être monumentale. Le quadrilatère qui existe déjà, prendrait alors ses proportions véritables.

On avait craint que le Château Deganne ne fut noyé dans ces constructions nouvelles. L’Habile architecture de M. Peigné a prévu cette critique. Du côté du boulevard, comme du côté de la mer, le Château reste très en vue ? Il conserve son caractère Renaissance, et au-dessus des galeries, du Hall et du Théâtre, est tours et tourelles, ses toits caractéristiques et fenêtres à croisillons, son campanile élancé.

L’ensemble de ce joli et coquet édifice, acquiert un cachet d’une originalité et d’une élégance que les Casinos ordinaires ne se sont souvent inquiétés d’obtenir. Les photographies de tous les casinos, nous représentent en général une masse imposante, mais sans sveltesse et sans grâce ; ils sont lourds et d’architecture industrielle. Chargé de construire un casino sur un terrain nu, jamais on n’aurait songé à parer cette œuvre d’un faîtage aussi historié que celui dont le modèle a été emprunté au Château des Mortemart.

Si le Casino Mauresque est réputé depuis longtemps, comme un des plus jolis modèles qu’on puisse avoir, d’un palis d’hiver ; le Château Deganne est le type le plus parfait qu’on puisse offrir d’un casino d’été.

Dès l’année dernière le monde élégant se pressait au Casino de la Plage, et ne tarissait pas en éloges sur son heureux aménagement ; Combien plus spacieux et plus confortable ne trouvera-t-il pas l’agencement actuel ? Outre la belle et large terrage qui court au nord du Château en bordure de la mer, rafraîchie par les embruns salés, éclairée la nuit par de puissantes lanternes à l’électricité ; outre l’entré et les parterres de fleurs avec escaliers et perrons que l’on admirait du côté du boulevard ; la nouvelle terrasse de l’ouest largement surélevée et tournant vers le midi, offrira même en hiver une promenade analogue à cette partie du jardin des Tuileries qu’on appelle la Petite Provence.

Félicitons, en passant M. Fages, d’avoir demandé à la municipalité l’alignement de la rue du Débarcadère ; et prions-le, puisqu’il est un des très rares municipaux qui parfois s’inquiètent des intérêts arcachonnais, d’insister pour que la plage soit nettoyée en temps utile.

– Voici le programme général des Fêtes enfantines et Bals d’enfants organisé au cours de la saison par MM. Lazar père et fils :

Grand Bal d’enfants avec cotillon, Rondes nouvelles avec écharpes, drapeaux et rubans

Les Volontaires, grand divertissement enfantin de MM. Lazar, musique de O. Métra ; avec képis, fusils et drapeaux ; dansé par tous les enfants assistant au bal.

Bal d’Enfants travesti et de têtes. Concours pour les enfants de Cake-Walk avec prix (innovation).

Bataille de fleurs enfantine à l’instar des Casinos de Biarritz et de St-Sébastien, sur la terrasse du Casino de la Plage, qui sera décorée à cet effet. Défilé des voitures, bataille de fleurs, distribution des récompenses par le jury, Concert pendant la bataille (innovation).

Le Baptême d’une poupée en Auvergne. Fête auvergnate villageoise avec chants et danses . Cortège. Discours du maire. Distribution de dragées par la marraine, à tous les enfants. Bourrée dansée par huit petits garçons et huit petites filles. Loterie gratuite de la belle poupée pour les petites filles et d’un superbe jouet pour les petits garçons (innovation).

Le Royaume des fleurs, divertissement enfantin dansé par des petites filles, composé par MM. Lazar, musique de Léo Delibes (innovation). Danses anciennes, Menuet, Gavotte, Pavane.

Le couronnement d’une Rosière. Fête villageoise et enfantine ; danses comiques dansées par tous les enfants.

– Les danses les plus en vogue seront dansées à tous les bals d’enfants, telles que : Polka des Bébé, Berline, Mazurka, Valse, Boston, Pas-de-deux, Pas-de-Quatre, Pas des Patineurs, Lanciers.

Après chaque bal, distribution gratuite de ballons, éventails, gâteaux, chocolats, cartes postales, boîtes à surprise, petites bouteilles de liqueur, bonbons, jouets.

– Des grands bals et soirées dansantes seront organisés pendant tout le cours de la Saison.

– Tous les jours cours de danse et de maintien à partir du 15 juillet au Casino de la Plage.

– La saison d’été au Casino ouvre officiellement le 14 juillet.

Le 9 juillet, à l’occasion de la venue de S. A. le prince de Monaco, une grande fête de réception sera offerte avec le concours de l’orchestre, dans le Hall du Casino de la Plage.

 

(Avenir d’Arcachon N° 2744 du 09/07/1905)

Nous sommes allés visiter le théâtre du Casino de la Plage ; c’est une bonbonnière de marquise Louis XV, une cassolette de houri, un vrai bijou.

Notons avant d’entrer que dans le bas de la tour située à l’ouest du Château, et à toucher l’amphithéâtre, on a aménagé une pièce circulaire destinée à faire boudoir, ou fumoir, ou « buen-retiro » donnant sur le hall.

La communication entre le hall et le théâtre est ouverte. C’est une large et haute baie qui donne sur un balcon balustrade, où pourront circuler les spectateurs, aux entractes. Cette balustrade est tout ce que l’on verra du hall, avec le péristyle donnant sur deux entrées pour les fauteuils, et à droite comme à gauche deux escaliers montant aux loges.

À l’intérieur, la salle est coquette, très élevée, inondée de lumière.

Quittons le floor des fauteuils et de l’orchestre pour monter aux loges. La disposition des places de spectateurs est tripartite. Au fond, face à la scène, le grand hémicycle des loges d’amphithéâtre ; de chaque côté des hémicycles, l’un dos au nord, l’autre dos au midi ; tous les trois ajourés, car chacun d’eux s’éclaire par trois œils-de-bœuf largement sculptés et donnant de l’air.

Regardons maintenant la scène. Nous en avons dit la haute baie et les vastes proportions. En haut de son ogive, elle porte les armoiries d’Arcachon, tenues par deux nymphes couchées en supports, et dont la beauté de formes grandeur naturelle sont empruntées à deux modèles, célèbres dans le monde des arts.

Prenons l’échelle des staffeurs, et grimpons jusqu’au faîte, jusqu’au dessous de la coupole, ce que probablement nous ne ferons jamais plus. La supertoiture est vitrée ; voilà qui assure l’éclairage normal en tout temps. mais l’éclairage de la soirée s’effectue par un plafond lumineux. Le cintre formé de guirlandes de roses en staff, est entrecoupé de 32 globes électriques, ayant chacun une force de 100 becs.

Contemplé de cette hauteur, l’intérieur de l’édifice apparaît dans toute son heureuse conception, son ensemble savamment distribué, admirablement construit, soigné jusque dans ses moindres détails.

Ce théâtre est une œuvre harmonieuse et parfaite. Du jour de son ouverture, le 5 août nous dit-on, jusqu’à sa fermeture en septembre, il sera comble tous les soirs. Gageons qu’après la première représentation, les guichets deviendront inutiles, et qu’on n’entrera plus qu’avec des places prises en location.

Nous commettrions une indiscrétion de coulisses, en annonçant que la troupe y débutera avec Carmen ; mais comme nous n’en sommes par sûr, mettons que nous n’avons rien dit. Quel que soit le début, il sera triomphal.

C’est la dernière fois, probablement, que nous avons à décrire les structures, superstructures et infrastructures du théâtre, dont nous avons à plusieurs reprises donné toutes les proportions. Désormais nous parlerons de la troupe et des fêtes. Mais avant de quitter la question architecturale, qu’il nous soit permis de dire aux constructeurs, MM. Peigné, Ormières et Blavy : « Pour le bel édifice dont vous enrichissez notre ville, pour le joli théâtre du Casino de la Plage, salut, merci et bravo ! »

Ouverture du Cercle des Sports le 13 juillet à 9 heures.

 

(Avenir d’Arcachon N° 2748 du 06/08/1905)

Casinos d’Arcachon, Plage & Forêt – La jolie salle de théâtre dont nous avons fait la description dans un de nos derniers numéros, va être, dans quelques jours, livrée à l’administration du public qui ne tarira pas en éloges sur l’habile et élégant architecte M. Peigné, auquel cette bonbonnière artistique, ce petit bijou de haut luxe et d’un goût exquis, font le plus grand honneur.

Qu’on se place au centre de l’amphithéâtre ou des places de balcon, on embrassera d’un coup d’œil toute la salle aussi féerique dans l’ensemble de ses proportions que dans ses détails, et toute la scène haute, large, vaste, spacieuse, aérée, séduisante et enchanteresse.

L’arrière de l’amphithéâtre, éclairé par des œils-de-bœuf ajourés, est orné d’entrelacs, de guirlandes de roses et de marguerites ; avec des médaillons laurés, autour desquels s’entrecroisent des bouquets de feuilles d’acanthe.

À droite et à gauche, deux grands pleins-cintres abritent des loges.

Le balcon des réservées court en forme d’oméga auquel répond, au somment de la salle, un fer à cheval renversé, avec culs de lampe près du plafond touchant la scène.

Comme ornements, sont jetés partout des médaillons encadrés, des médaillons en bosse, des œils-de-bœuf grillés de treillages à clous d’or.

L’éclairage vient d’un ciel de plafond vitré et d’un cercle de cabochons lumineux, système adopté à Vienne, et qui projettent de toutes parts leur éclat.

Imaginez les étincellements de ces mille feux se jouant dans les ors des corniches !

Nous avons raconté les deux cariatides couchées, supportant les armoiries urbaines au-dessus de la scène.

On peut, par cette rapide description, se faire une faible idée de l’extraordinaire splendeur que déploieront ces décors, et du prestigieux effet qu’offrira cette ravissante salle de théâtre à la première soirée de gala, avec ses jolies femmes, les toilettes, les bijoux et les fleurs, une corbeille d’or et de lys, digne des dieux de l’Olympe.

 

(Avenir d’Arcachon N° 2750 du 20/08/1905)

Casinos d’Arcachon, Plage & Forêt – Samedi dernier, 12 août 1905 , a été pour la première fois ouvert au public la très jolie salle du Casino de la Plage qui complète si heureusement de Casino, la plus belle construction que depuis de longues années on ait vu s’élever à Arcachon, le plus beau travail qu’on y ait exécuté.

À tout seigneur tout honneur ; cette splendide transformation du Château Deganne est due, tout d’abord, à une généreuse initiative privée qui croit en notre ville et qui l’aime véritablement, et appelle ensuite des éloges mérités à l’adresse des architectes, MM. Peigné et Ormières, de l’entrepreneur M. Blavy, et de tous les ouvriers qui ont contribué à cette création.

Nous avons décrit dans ses moindres détails cette ravissante salle blanc et or, que les étrangers, avec qui nous parlions ces jours-ci, ont comparé tour à tour, et suivant leur degré de lyrisme, au théâtre du « Cristal Palace » ou à « l’Athénée » de Paris.

On jouait Carmen, et l’interprétation du chef d’œuvre de Bizet n’a rien laissé à désirer.

Mme Magne, une jolie femme dont la voie est chaude et étendue, a tenu dans la perfection son rôle d’espagnole aux brûlantes amours.

Mlle Delmai, une cantatrice di primo cartello, était une charmante Micaëla.

Et l’on ne sait ensuite lequel a le plus charmé le public, du ténor au timbre si frai, si passionnant, au jeu scénique si sûr et si délicat, au du baryton, un beau garçon à la voie pleine et sonore, au geste séduisant et assuré ; de M. Geyres (don José) ou de M. Mondaud (Escamillo).

Revenant aux traditions de la troupe complète, la direction des Casinos avait voulu faire au public l’aimable surprise d’un corps de ballet. Et si l’on ne peut espérer, comme ce soir-là, applaudir tous les jours des artistes de l’Opéra Comique de Paris, tout au moins en sera-t-on amplement consolé par la continuation du corps de ballet, ce divertissement chorégraphique qui complète en la rehaussant d’une façon très notable, toute représentation artistique et musicale.

Mlle Cerri, première danseuse du Grand-Théâtre de Bordeaux, a conquis, dès la première soirée, un public que pendant toute saison estivale elle charmera maintes fois encore.

Comme au théâtre de Bayreuth, l’orchestre est situé en contre-bas de la salle qu’il ne voit pas plus que la scène. Cet orchestre excellent est admirablement dirigé par M. Carrère Bucau qui est non seulement un bon chef d’orchestre, mais surtout un administrateur de premier ordre.

La salle, féeriquement éclairée à l’électricité, était composée sur invitations, d’un public digne d’une représentation de gala. Les dames avec des toilettes rehaussées de diamants, les jeunes filles coiffées et parées de fleurs, les habits noirs et les smokings constituaient une chambrée sélect et du plus gracieux effet.

Citons au hasard de la lorgnette :

Mme Verbruge née comtesse de Renesse, Mlle Debans, M. Mmme et Mlles Johnston, M. et Mme St-Amant, familles Segrestaa, Bourgès, A. Dubos, de Gaulne, baronne du Règne, Cazes, docteurs Lalesque, Festal, Dechamp, Cazauvieilh député, Dignac conseiller général, Bernardbeig, Schenke, E. Calvet, Dumora, Auschitzky, Ferras, Exshaw, Peyrelongue, comte Duroussoff, vicomte de Clouet, Seward, Buhan, familles Marcilhac, Lawton, Damade, Paulin, Chauveau, Marien, Rosai, de Broglie, Bordes, Le Bouleur, de Courlon, Nolodovitch, Amossoff, Loste, Gufflet, Damas, Tilloy, de Scorbiac, Mme Carrère Bucau, Mlle de Gabory, Mme et Mlles Ormières, Mme et Mlles Dupont, Mme et Mlles Baudimant, Mme Garnion, Mme et Mlle Bourdais ; familles Aymard, Allard, Guirout, Moussié, colonel Henry, Raoul Bernard, commandant Darrouy, vicomte et vicomtesse de Lestrange, comtesse de Maquille, de Luze, Dolfus, de Trincaud-latour, Uzac, Graterolle, Laurens, Laroze, Laville, Derm, Bastos, Barrère, docteurs Hameau, Pauliet, de Batz, Moyzès, Dhourdin, Robert, Paillet, M. et Mme Noël ; MM. Audap, Lecoq, Valleau, Dalbusset, Couve, Lauras, Mallet, Malescault, Raffait, Rouxel, Raynauld, Manceau, Teridgi, Marignan, Plachon, Chabanne, Assemat, Carbonnier, Delmet, Judlin, Duché, Marty, de Heredia, Auclair, Petit, Thebaud, Beaumartin, Calmel, Arnaud, Balaresque, de Bethman, Castex, Catelin, Cayrel, Célérier, Cloarec, de Curzay, Darrieu, Grassin, Lataillade, Lagrolet, Babu, Levavasseur, Pougnet, Rey, Saulières, Sellier, Vignial, de Vasquey, Escoula, de Guyet, Franchini, Planté, Fleuriot, Perdoux, Lambert, Haussman, Arrégot, Rausky, Kern, Fortin, Jaïs, Larue, Boyer, Champol, Molina, Spum, Brenneville, etc., etc.

Cette belle fête s’est terminée à une heure du matin.

La presse a été unanime à la célébrer, cependant que le correspondant de la Petite Gironde, M. Canton, qui est en même temps secrétaire du maire, a trouvé moyen de lui consacrer huit lignes, en annonçant surtout que M. Veyrier-Montagnères assistait à la représentation. Ce dernier en effet qui vient d’être, paraît-il, décoré comme ostréiculteur et comme fondateur de pêcheries, n’a fait qu’une courte apparition et est retourné dare-dare à Moulleau.

Mais il n’est si belle fête qui n’ait de lendemain.

Dimanche 13, avec le concours des mêmes artistes, a été offerte une seconde représentation de Carmen, devant une salle comble et payante cette fois, ou nous avons remarqué parmi les spectateurs autant de bordelais que d’arcachonnais, des parisiens, des anglais, des russes, des espagnols, mais la colonie étrangère moins nombreuse toutefois que notre colonie hivernale.

– Lundi 14, à 4 h., Grande Fête enfantine et Bal d’enfants travestis, sous la direction de MM. Lazar.

Le soir, à 9 h., Concert vocal et instrumental où l’on a applaudi les soli de Mmes Marignan (du Grand-Théâtre de Bordeaux) et Dupont, MM. Cristin (ténor), et Caille (baryton) du Grand-Théâtre de Bordeaux, MM. Descombes et Mounet, artistes de nos Casinos, MM. Chaubet et Mesnard, solistes de l’orchestre.

– Mardi 15, Miss Helyett.

– Mercredi 16, première représentation de Faust ; grand succès pour MM. Cristin dans le docteur Faust, Albert dans Méphisto, Mounet dans Valentin. Mme Dumand, notre première chanteuse, a été une délicieuse Siébel. Le rôle tenu par Mlle Delmai (de l’Opéra-Comique a charmé l’auditoire. Dans le trio « Ange pur », elle a été rappelée et bissée.

Le corps de ballet a été merveilleux sous la direction de MlleCerri, une mignonne et charmante danseuse qui nous vient d’Italie.

– Jeudi 17, de 4 à 7 h., Grande fête enfantine, Bal de jeunes filles et de jeunes gens.

Le soir, à 8 h. ½, représentation extraordinaire de Brasseur dans M. de la Palisse.

– Vendredi 18, Concert classique.

– Samedi 19, première représentation du Grand Mogol.

– Dimanche 20, deuxième représentation de Faust.

– Mardi 22, première représentation de Mireille.

– Mercredi 23, Le Grand Mogol.

– Jeudi 24, Concert.

– Vendredi 25, première représentation de La Fille du Tambour-Major.

– Samedi 26, Concert et le soir Grand bal.

Dimanche 27, Tournée de Mme Martine Regnier donnant en lever de rideau, Les Coteaux du Médoc , 1 acte de Tristan Bernard, et Petite Peste, comédie de Romain Candus, grand succès du Vaudeville cet hiver, à Paris, interprétée par Mme Emilienne Dax, MM. Dieudonné, Maurice Laguet, Duara, Escoffier, Mmes Vermell, Pillot, etc.

Après ces diverses pièces, seront interprétées : Les Saltimbanques, Le Barbier de Séville, Rigoletto.

Enfin on nous annonce pour septembre, le 7, la tournée de M. Raymond ; le 14, la tournée de Mme Cora Laparcerie, et par notre troupe artistique, probablement une interprétation de La Traviata.

Jamais le Casino n’a été mieux dirigé, mieux administré, ni si brillant.

 

(Avenir d’Arcachon N° 2757 du 08/10/1905)

Les Belles Promesses – On croit que M. Veyrier-Montagnères arrivera à réaliser en petit les douze travaux d’Hercule.

1° Au lieu de défendre la plage, de faire rapporter des sables en dégageant les passes ; il a fait une Jetée-Promenade en colifichet à claires-voies.

2° Au lieu d’agrandir la petite Mairie, il l’a masquée de quatre grosses colonnes.

3° Au lieu d’acheter le vélodrome pour en faire des arènes landaises, il l’a laissé raser.

4° Au lieu de laisser faire le Tramway de la Société Immobilière, il l’a entravé.

5° Au lieu de favoriser la création d’un Hospice, il n’a pas même réservé un local utile pour les blessés ou les morts par suite d’accident.

6° Au lieu d’encourager la Société Immobilière qui voulait installer l’électricité, il a repoussé le projet comme trop onéreux.

7° Au lieu de seconder le Syndicat d’Initiative, il fonde des commissions municipales qui ne savent pas faire de la publicité, ou des Comités sportifs qui naturellement ne peuvent pas se municipaliser ?

8° Au lieu de faire un Champ de courses à Moulleau, il l’a laissé prendre par La Teste.

9° Au lieu de faire en ville une place abritée, sur le parc Deganne ou les terrains Lafont, il a proposé une Garnison, ou l’Achat de terrains à Moulleau.

10° Au lieu d’agrandir la Ville d’hiver, en laissant l’État vendre les terrains de Peymau ou du Port, il a fait un petit tir enfantin.

11° Au lieu d’organiser des concerts quoçtidiens et des distractions pour les hivernants, il s’occupe de politique… de canton… et d’ostréiculture ( ?)

12° Au lieu de créer une promenade en forêt, toute de La Teste à Moulleau, il va faire une conversion d’emprunt pour construire une route de corniche du Casino à la Place Thiers. Encore un emprunt.

C’est un bien grand homme !

 

1906

 

(Avenir d’Arcachon N° 2777 du 25/2/1906)

Grand-Hôtel – Nous n’avons par la prétention d’énumérer les 400 personnes réunies mardi 20 dans le hall du Grand-Hôtel pour applaudit le concert organisé par M. Paul Boquel, seul agent des tournées en Amérique de M. Jacques Thibaud.

Remarqué : Mme la comtesse de Fitz-James, Mlle Debans, baron et baronne de Leusse, Mme Carbonnier, M. de Trincaud-latour, docteur et Mme Festal ; docteur et mme Bouillé, Mme et Mlle Lalesque, Mme Henry Exshaw, Mme A. Hameau, docteur et Mme Dechamp, Mme Tournant, docteur et Mme Lefebvre, comtesse Zotoff, Mme Vinatier, Mme Kerbowe-Wuilliaume, Mme Segrestas, Mme Salesse, Mre Talbot-Baines, colonel Tipping et famille, Mme Chapmann, Mme Bonneville, M. et Mlle Faure, comtesse Mac Carthy, M. et Mme Peignot, Miss Harisson, Mme Maurel, M. et Mme Bovet, M. Larronde, comtesse et vicomte d’Anterroche, Mme et Mlle Capitan, Mmes Gérard et Poure, Mme et Mlles Pauliet, Mme de Batz, Mme et Mlle Darrouy, Mmes Lees, M. Hervé Bazin, etc., etc.

Mlle Marguerite Artot, du Conservatoire de Bruxelles, cantatrice douée d’un registre très étendu, plutôt soprano, et donnant des notes de contralto, a chanté avec goût une mélodie de Fauré entre autres jolies choses.

Deux grands artistes fort aimé du public arcachonnais, se sont partagés les applaudissements de la soirée : M. Joseph Thibaud notamment dans la finale de la Sonate 58 de Chopin, et une Grande Valse de Diémer, qu’il a joué en véritable virtuose.

M. Hekking a fait goûter son grand talent et émerveillé les dillettanti, surtout dans l’allegro d’une Suite ancienne de Valentini, Romance de St-Saëns.

La soirée s’est terminée à six heures sous les feux des lampes électriques, par une polonaise de Chopin, enlevée par ces deux célèbres artistes avec un incomparable brio et une maestria hors de pair.

 

Conseil Municipal d’Arcachon du 15/12/1906

Éclairage Tramway

M. le Maire rappelle les diverses phases de la question et fait connaître l’état actuel des pourparlers engagés avec le Conseil d’Administration de la Cie du Gaz.

Voici la lettre qu’il a reçue le 24 novembre :

Bordeaux le 24 novembre 1906

Monsieur le Maire de la Ville d’Arcachon.

Monsieur le Maire

Nous avons l’honneur de vous informer que nous ne voyons aucune difficulté à donner notre acceptation de principe au nouveau cahier des charges gaz et électricité que vous avez bien voulu officieusement nous soumettre.

Il y a lieu toutefois d’en supprimer, ainsi que nous vous l’avons déjà indiqué, les articles supplémentaires relatifs à l’exécution du Tramway Aiguillon-Moulleau, qui devra faire l’objet d’une convention spéciale entre la Ville d’Arcachon et le concessionnaire ou les futurs fondateurs de la Société anonyme à constituer pour la construction et l’exploitation de ce Tramway.

D’autre part, nous ne pouvons que vous confirmer ce que vous a déjà dit M. Guénon, à savoir que si les charges nouvelles de la concession du gaz et de l’électricité, telles que la diminution sérieuse consentie sur les recettes et la création d’un important réseau d’électricité, peuvent être compensées par la prolongation de concession que vous seriez disposé à accorder, il n’en est plus de même pour le tramway.

C’est pourquoi, d’ailleurs, tout en acceptant de construire une ligne de tramways comme une condition sine qua non de l’établissement d’un réseau de distribution d’énergie électrique et une prolongation pour le gaz, nous avons néanmoins demandé une garantie d’intérêts de 2 % pour le tramway.

Il vous avait paru tout d’abord que l’obtention de cette garantie n’entraînerait pas trop de formalités, mais tout dernièrement vous nous avez fait entrevoir la quasi impossibilité de recourir à ce procédé et vous nous avez proposé d’accepter une simple subvention.

Nous vous avons expliquer que cette dernière ne saurait remplacer pour nous, une garantie d’intérêts, même faible.

C’est dans ces conditions que M. Guénon, l’un de nos administrateurs, vous a demandé, très officieusement, de rechercher d’accord avec lui, les moyens pratiques de vaincre cette nouvelle difficulté.

Dans le temps très court dont nous avons pu disposer, il nous a été malheureusement impossible de trouver une solution intéressante. C’est pourquoi, nous ne pouvons aujourd’hui que vous confirmer notre ancienne proposition d’accepter de construire une ligne de tramways entre l’Aiguillon et la Chapelle Notre-Dame sans subvention ni garantie d’aucune sorte et de vous déclarer qu’en ce qui concerne la partie la Chapelle – Moulleau, qu’à tort ou à raison nous considérons comme ne pouvant de longtemps être rémunératrice, nous ne croyons pas pouvoir y engager des capitaux sans que ceux-ci soient assurés par un moyen à trouver, d’une rémunération régulière.

Nous restons à votre disposition, nous vous le répétons, Monsieur le Maire, pour la recherche de toute solution susceptible de rendre la construction de cette ligne réalisable dans le plus bref délai possible.

Veuillez agréer, Monsieur le Maire, l’expression de notre parfaite considération.

Signé : Baudry.

M. le Maire : Ainsi que le Conseil l’a reconnu dans sa précédente réunion officieuse, s’il paraît possible de s’entendre sur les conditions de prorogation du traité concernant l’éclairage, il n’en est pas de même des conditions d’établissement du tramway ; or il faut que les deux affaires soient liées et que le tramway aille jusqu’à Moulleau et non pas seulement jusqu’à la Chapelle. cela étant admis, voici la délibération que je vous propose de prendre :

“Le Conseil décide en principe :

1° Que le projet de tramway déclaré d’utilité publique, par décret du 31 octobre 1906, ne peut être scindé et qu’il y a lieu d’en exiger l’exécution complète entre l’Aiguillon et Moulleau ;

2° D’autoriser l’Administration à préparer avec les Concessionnaires actuels, un projet de prorogation du traité du gaz du 22 juillet 1881, projet dont les grandes lignes viennent d’être exposées par le Maire ;

3° D’exiger qu’en garantie des engagements pris par les concessionnaires, en vue de la construction du tramway, ceux-ci soient tenus de verser, au moment de la signature de cette convention, à la Caisse des Dépôts et Consignations, un dépôt de garantie de 50.000 fr. qui leur sera remboursé au fur et à mesure de l’exécution des travaux, sans qu’ils soient tenus de se conformer au délai imposé par l’art. 3 du cahier des charges de la concession ;

4° Que la convention additionnelle acceptée par les deux parties sera annulée d’office ; que le traité pour la fourniture du gaz, du 22 juillet 1881, sera résilié de plein droit ; que le dépôt de garantie de 50.000 francs sera acquis à la Ville d’Arcachon, si dans le délai prévu au Cahier des Charges de la Concession du tramway, c’est-à-dire le 31 octobre 1908, les travaux de construction de la ligne de l’Aiguillon à Moulleau ne sont pas complètement terminés et l’exploitation commencée le 1er novembre de la même année ;

5° Que dans le cas d’application des clauses du paragraphe 4 de la présente décision, la ville ne sera pas tenue de rembourser aux concessionnaires les dépenses qui auront pu être faites par eux après la signature de la convention additionnelle, en vue d’améliorer l’éclairage soit par le gaz, soit par l’électricité ;

6° D’autoriser le Maire à continuer les négociations sur les bases ci-dessus mentionnées.”

M. Sauzeau observe qu’il faut qu’il soit bien entendu que cette délibération n’est qu’une décision de principe, n’engageant nullement le Conseil, notamment quant à l’acceptation définitive des conditions du traité relatif à l’éclairage.

M. le Maire répond que c’est entendu.

M. Sauzeau demande en outre qu’un exemplaire du projet de traité nouveau soit remis à chaque Conseiller pour qu’il puisse se rendre compte exactement des engagements à prendre.

Ces observations échangées, le Conseil, à l’unanimité, adopte la délibération proposée par M. le Maire.

 

1907

 

Réunion du Conseil Municipal d’Arcachon du 26 janvier 1907

Gaz – Tramway – M. le Maire fait connaître que la Compagnie du Gaz lui a remis de nouvelles propositions relatives à l’éclairage et à l’établissement du tramway.

L’Administration les étudie et il espère pouvoir soumettre prochainement au Conseil les résultats de cette étude.

 

Réunion extraordinaire du Conseil municipal d’Arcachon le 12 mai 1907 à 9 heures du soir

Étaient présents : MM. Veyrier-Montagnères, Maire ; Fages et Fargeaudoux, adjoints ; Bourdier, Michelet, Blanchy, Peseux, Tisseyre, Papot, de Malartic, Jolivet, Canton, Lafon, Sauzeau, Agard, Sicard et Liauzun.

Absent excusé : M. Millien.

Absents sans excuses : MM. Clémencey, Maurel, de Miramont, Lagarde et Taffard.

M. Liauzun est élu secrétaire pour la séance.

Gaz – Électricité – Tramway

M. le Maire donne la parole à M. Tisseyre rapporteur des Commissions réunies.

M. Tisseyre :

« Mes chers collègues,

Si, pour la réussite d’une entreprise, et pour en prévoir à l’avance, autant que possible, toutes les conséquences, une étude sérieuse et approfondie s’impose tout d’abord, on ne nous accusera certes pas d’agir à la légère dans cette importante affaire de l’éclairage et du tramway qui nous occupe encore aujourd’hui.

Nombreuse en effet ont été les réunions, les discussions, les confections et modifications de projets depuis le 12 septembre 1905, époque à laquelle ont sérieusement commencé nos pourparlers avec les successeurs de l’ancienne société immobilière de notre ville.

Il a fallu la ténacité inlassable de M. le Maire pour ne pas être rebuté par des difficultés sans cesse renaissantes, et si, enfin, nous pouvons entrevoir aujourd’hui une solution satisfaisante, il nous paraît juste de lui attribuer, de suite, toute la part qui lui revient dans ce succès.

Amélioration de l’éclairage, abaissement du prix du gaz, création d’un réseau d’électricité, établissement d’une ligne de tramways, voilà les desiderata. Comment réussir ?

Le contrat qui liait la ville avec l’ancienne Société Johnston expirait en 1926. Il n’y avait rien à conclure avec cette Société, tous les essais tentés de gré à gré avaient échoué ; nous étions liés pendant encore un vingtaine d’années.

Mais la force des choses, plus puissante que tous les calculs humains, vient changer brusquement une situation aussi préjudiciable aux intérêts d’Arcachon. La Société Immobilière céda son monopole et les administrateurs nouveaux s’empressèrent d’accueillir favorablement les ouvertures qui leur furent faites.

Vous avez suivi pas à pas en quelque sorte toutes les phases de l’affaire, vous en avez discuté les conditions, il s’agit aujourd’hui de tracer le contrat que vous proposez à l’appréciation de la nouvelle Société. Nous allons le lire, ce contrat, article par article, puisque cette lecture est indispensable, j’en profiterai pour faire ressortir au fur et à mesure qu’ils se présenteront tous les avantages dont nous allons bénéficier.

Mais auparavant il est un point, et un point important, sur lequel je tiens à appeler tout particulièrement votre attention.

Il est évident que si dans le nouveau traité nous obtenons des avantages – et des avantages sérieux – il a bien fallu en échange que nous donnions une compensation à ceux avec lesquels nous traitions. Cette compensation consiste dans la prolongation de notre concession. Au lieu de finir en 1926, cette concession durera jusqu’en 1947, soit 20 années de plus.

Si je pensais, mes chers collègues, lier la ville pendant vingt années de plus avec des conditions immuable, j’aurais hésité, je l’avoue, à vous présenter ce rapport et à me faire le défenseur d’une œuvre, engageant beaucoup trop l’avenir, bien que profitable actuellement. Mais l’électricité industrielle est à ses débuts, ses progrès marchant avec une rapidité déconcertante, et dans un avenir que je crois assez prochain, la force des choses, qui vient de nous servir, aura de nouveau imposé des modifications profondes au traité d’aujourd’hui.

Non, nos successeurs n’auront pas à exécuter jusqu’en 1947 le traité que nous préparons aujourd’hui. Ce traité sera remanié avant son expiration, sachons profiter des avantages qu’il nous donne immédiatement.

Lecture va maintenant vous être faite des conventions que nous vous proposons d’approuver . Nous allons commencer par celles relatives à l’éclairage au gaz et à la création d’un réseau d’électricité.

La première partie, intitulée « Dispositions générales », forme l’historique de la question éclairage, avec l’indication des modifications successivement apportées aux traités, depuis l’origine jusqu’à ce jour.

Dans le projet qui est entre les mains de chacun de vous, le texte en petits caractères est celui maintenu du cahier des charges actuel, les modifications ou additions sont imprimées en caractères plus gros. »

Le Conseil approuve les dispositions générales.

M. le rapporteur : « le premier paragraphe de l’art. 1, sauf le titre de la société concessionnaire qui a dû être changé et une légère modification de forme, est le même que celui du traité actuel.

Le deuxième paragraphe est nouveau ; il définit le privilège de l’usage des voies publiques pour la distribution de l’énergie électrique. »

Le Conseil approuve l’art.1

« L’art. 2 détermine la durée de la prorogation. »

Le Conseil l’approuve.

« L’art. 3 indique le genre de gaz que les concessionnaires pourront employer, son épuration, le pouvoir éclairant et calorifique qu’il devra avoir, et les moyens de vérification mis à la disposition du Maire.

Le traité actuel ne donnait pas la possibilité pratique de faire ce contrôle. Aujourd’hui, nous imposons aux concessionnaires l’installation à leurs frais, dans un local fourni par la ville, des appareils nécessaires à la constatation du pouvoir éclairant, calorifique, et de l’épuration du gaz. »

MM. Sauzeau et Jolivet estiment qu’il serait désirable de modifier la rédaction du paragraphe 3 relatif à la vérification, notamment en ce qui concerne l’avis à donner au Directeur de l’usine pour qu’il assiste à l’expérience. Monsieur Jolivet propose une nouvelle version du paragraphe 3 que le Conseil adopte, ainsi que l’ensemble de l’art. 3.

« L’art. 4 du traité en vigueur prévoit la possibilité d’appliquer un nouveau système d’éclairage ; mais il exige des conditions telles qu’on les réaliserait difficilement ; pratiquement, l’application d’un nouvel éclairage est rendue impossible ou fort peu avantageuse.

Nous avons proposé et obtenu la suppression de cet article et son remplacement par celui qui vous est soumis ; il réserve l’avenir et rendra plus facile l’application d’un nouveau mode d’éclairage. »

Le Conseil approuve d’art. 4 nouveau ainsi que l’art. 5.

« L’art. 6 prévoit la pose de nouvelles conduites, soit par la Société, soit sur la demande de la ville. Pour celles demandées par l’administration municipale, la commune est tenue, d’après le traité de 1881 (actuel), de garantir un minimum de consommation de 50 mètres cubes par mois et par 100 mètres courants de canalisation, sans pouvoir appliquer l’excédent de consommation de certaines parties à d’autres parties de voies publiques n’atteignant pas le minimum exigé. Le nouveau texte autorise le report de cet excédent sur l’ensemble des canalisations soumises éventuellement à la garantie, ce qui constitue un avantage appréciable.

Une autre modification consiste en ceci : actuellement la ville ne peur demander à la Société d’exécuter de nouveau travaux que du 1er novembre au 1er janvier ; encore, la Société a-t-elle un délai de 6 mois pour y procéder, ce qui a pour conséquence de retarder quelquefois d’un an et même plus, des travaux reconnus nécessaires après le 1er janvier. Dans l’avenir, la ville pourra exiger la pose de nouvelles canalisations à n’importe quel moment de l’année, dans un délai convenu contradictoirement.

L’art. prévoit également diverses mesures reconnues nécessaires pour l’établissement des canalisations et l’exécution des travaux. »

Le Conseil adopte l’art 6, de même que les art 7 et 8 du traité actuel qui sont maintenus.

«  L’art 9 nouveau, modifie et complète à l’avantage de la ville l’art. 9 actuel. Cette article traite principalement de la propriété et de la distribution du matériel d’éclairage et de la fourniture des appareils. Actuellement, la fourniture est faite par la Société, d’après les prix établis d’un commun accord et révisable tous les cinq ans.

Aux termes de la nouvelle convention, la ville aura le droit, en ce qui concerne certains objets, de discuter les prix pour chaque fourniture demandée ; les concessionnaires n’auront que la préférence, à prix égal, sur tout autre fournisseur. »

Le Conseil approuve l’art. 9.

« L’art. 10 du traité de 1881 (actuel), concerne la réparation des chaussées et trottoirs ; il ne définit pas de façon assez précise les obligations des concessionnaires ; aussi, la ville éprouve-t-elle de grandes difficultés pour obtenir des réparations.

Le texte proposé détermine comment elles doivent être faites, et à défaut par les concessionnaires de les exécuter dans le délai qui leur aura été fixé par l’administration, il y sera pourvu par elle d’office et à leurs frais.

De plus, il met à la charge de la Société d’éclairage, jusqu’à concurrence d’une dépense de 2.000 francs par an, le déplacement des canalisations nécessité par des travaux de voirie approuvés par l’autorité compétente. L’on évitera ainsi, dans l’avenir, des réclamations comme celle qui a été formulée par la Société pour les frais de déplacement et de remise en place de la conduite de la route de Moulleau. »

Le conseil adopte l’art. 10.

« Par le traité de 1881 (actuel), la ville considérant l’utilité publique des travaux entrepris sur les chemins par les concessionnaires, était en quelque sorte mise en leurs lieu et place ; elle s’engageait à intervenir administrativement dans les difficultés de toute nature qui pouvaient s’élever entre eux et les propriétaires des immeubles devant et sur lesquels des travaux devaient être exécutés, de même qu’avec les entrepreneurs de Travaux publics, à l’occasion des dommages que les concessionnaires éprouveraient directement ou indirectement du fait de ces entrepreneurs ; par exemple, par suite de construction ou de réfection d’égouts, ou de modification du nivellement d’une voie publique.

Cette obligation pouvait être très dangereuse pour la ville.

À l’avenir, elle se bornera à prêter son concours officieux et gracieux aux concessionnaires, sans encourir aucune responsabilité. »

L’art. 11 est adopté, ainsi que l’art. 12 qui n’est autre que l’art. 12 du traité actuel.

M. le Rapporteur : « L’art. 13 dans ses deux premiers paragraphes reste le même ; dans les pourparlers avec les concessionnaires, M. le Maire avait demandé qu’en fin de concession l’usine à gaz, son matériel et ses dépendances, ses compteurs, ses approvisionnements et ses produits ainsi que la canalisation entière, etc., etc, deviennent la propriété de la commune sans indemnité ; cette stipulation est généralement admise quand il s’agit d’une concession accordée pour la première fois ; malheureusement, nous ne sommes pas dans ce cas ; la Cie a un traité qui a encore 20 ans de durée et elle n’entend pas perdre le bénéfice des avantages qu’il comporte. Tout ce que M. le Maire a pu obtenir, non sans peine, c’est qu’à l’expiration de la concession la ville deviendra propriétaire des canalisations à gaz placées sous les voies publiques sans indemnité. Cette clause fait l’objet du troisième et denier paragraphe de l’art. 13 ; elle permettra certainement à nos successeurs, le moment venu, d’obtenir des conditions meilleures. » 

Le Conseil approuve l’art. 13.

«  L’art. 14 fixe les nouveaux prix du gaz et la date à partir de laquelle ils seront appliqués.

Les prix anciens prévus par le traité de 1881 (actuel), étaient ou sont les suivants :

1° À l’origine :

Le mètre cube : pour la ville, 0,25.

Le mètre cube : pour les particuliers, 0,40

2° À partir du moment ou la consommation annuelle a atteint 500.000 mètres cubes et s’est maintenue au-dessous de 700.000 mètres cubes

Prix du mètre cube : pour la ville, 0,20

Prix du mètre cube : pour les particuliers : 0,35

(Cette première diminution a été obtenue en 1901).

3° À partir du moment où la consommation annuelle atteint 700.000 mètres cubes :

Prix du mètre cube : pour la ville, 0,20

Prix du mètre cube : pour les particuliers, 0,30

(Cette 2e diminution est en vigueur depuis le 1er janvier 1907).

La ville et les particuliers vont donc bénéficier d’une réduction de 0,05 par mètre cube à partir du 1er du mois qui suivra la date d’approbation du présent traité par l’autorité préfectorale.

Par la comparaison avec les prix actuels, il est facile de voir que nous obtenons une diminution sensible qui se traduira pour la ville seule par une économie de 6.500 francs par an, sa consommation étant en moyenne de 130.000 mètres cubes ; c’est là un des principaux avantages du traité nouveau. »

M. le Maire : « Il convient d’ajouter à cet article une clause indiquant que dans le cas d’emploi de compteurs P.P. (à paiement préalable, dits compteurs à 0,10 centimes), le prix du gaz sera majoré de 0,04 par mètre cube. Les concessionnaires acceptent bien d’établir à leurs frais les installations d’éclairage et des compteurs de ce genre moyennant cette majoration, mais ils ne veulent pas être obligés d’en installer chez tous ceux qui en demanderont. Il croit cependant que si le Conseil l’exige, les concessionnaires cèderont. »

Le Conseil approuve l’art. 14 qui sera complété par la mention de majoration de 0,04 du prix du mètre cube de gaz dans le cas d’emploi de compteurs P.P.

Le Conseil décide aussi que : « les concessionnaires seront tenus d’installer des compteurs P.P. chez toute personne qui en fera la demande et s’engagera à payer au moment de la mise en service un droit fixe et unique de 10 francs, et une majoration de 0,004 par mètre cube de gaz représentant la location du branchement sur une longueur maxima de 6 mètres, du compteur, de la canalisation intérieure et des appareils. » Cette disposition formera le deuxième paragraphe de l’art. 30 (Les concessionnaires ont accepté).

M. le Rapporteur : « La forme de l’art. 15 relatif aux expertises dont l’intervention est prévue par divers articles a été modifiée et le dernier paragraphe indiquant que les frais d’expertise seraient partagés par moitié entre la ville et les concessionnaires a été supprimé. Les Commissions ont en effet estimé qu’il était préférable de laisser aux parties, aux experts ou aux tribunaux, le soin de décider selon les circonstances à qui incomberaient les frais et dans quelles proportions. »

Le Conseil adopte le nouvel article 15

« Le premier paragraphe de l’article 16 actuel est maintenu ; mais le second qui réservait à la Société immobilière (alors concessionnaire), le droit de constituer une Société spéciale pour l’exploitation de l’usine à gaz, a été supprimé ; il n’avait plus sa raison d’être puisque la Société prévue s’est constituée en 1892 sous la dénomination de « Société anonyme d’éclairage et de chauffage d’Arcachon ». C’est notre concessionnaire actuel. La substitution d’une Société a une autre n’a évidemment rien d’illégal, mais il a paru à M. le Maire, – et c’est aussi l’avis des Commissions -, que du moment où les concessionnaires sont chargés d’assurer un service public communal, la ville avait le devoir de veiller à ce que la concession ne puisse être transférée ou rétrocédée directement ou indirectement, en totalité ou en partie, sans l’autorisation écrite du Maire, donnée après avis conforme du Conseil municipal. Il importe en effet de savoir si les successeurs éventuels des concessionnaires présentent des garanties suffisantes pour exécuter loyalement le contrat, et de ne permettre le transfert ou la rétrocession qu’à bon escient.

C’est pour répondre à cette préoccupation que nous avons libellé le 2ème paragraphe de l’art. 16, en supprimant même, sur la demande de M. le Maire, le dernier alinéa qui, dans le cas où l’autorisation de cession viendrait à être accordée disait : « Toutefois, il ne pourra être imposé aucune nouvelle obligation au nouveau concessionnaire à l’occasion de ce transfert ou de cette rétrocession ». ».

Le Conseil approuve l’art. 16 avec la rédaction proposée.

« L’art. 17 explique ce qu’est l’éclairage public, réserve aux instituteurs des écoles communales publiques, au fermier du Casino, la faveur de ne payer le gaz qu’au prix de la ville, et indique comment la consommation sera comptée ; c’est en somme l’art. 17 du traité actuel, moins l’indication des curés parmi les bénéficiaires du prix réduit. »

M. Canton : « Il serait utile, je crois, de changer l’expression « fermier du Casino » et de la remplacer par celle de « le Directeur exploitant des Casinos municipaux », de façon à lui assurer le bénéfice du prix réduit dans le Casino appartenant à la ville dont il est le fermier mais encore dans le Casino annexe de la plage dont il est propriétaire et qui a droit au titre de municipal »

Le Conseil est de l’avis de M. Canton et adopte l’art. 17.

« L’art. 20 du traité en vigueur fixe la consommation horaire de chaque bec à 125 litres ; il s’agit des becs « papillons », les seuls en usage quand fut signé le traité de 1881. Depuis, l’incandescence par le gaz a été inventée et l’on fabrique aujourd’hui des becs et des manchons qui permettent d’obtenir la même intensité de lumière en consommant moins de 125 litres. Jusqu’à présent, la Cie du gaz n’en réglait pas moins le débit de ses becs à 125 litres, et exigeait le paiement de cette quantité.

Avec le nouveau traité, la ville aura le droit de choisir parmi les nouveaux brûleurs à incandescence ceux qu’il lui plaira d’employer ; la consommation en sera fixée contradictoirement, après expérience, entre la ville et les concessionnaires. Il en résultera une sérieuse économie de consommation qui, avec celle réalisée par ailleurs, permettra soit d’augmenter le nombre des appareils, soit de prolonger la durée de l’éclairage.

Les prix des nouveaux becs ou des modifications à apporter aux lanternes seront débattus entre la ville et les concessionnaires auxquels la préférence sera accordée sur tout autre fournisseur. C’est encore un avantage qui n’est pas négligeable. »

Le Conseil approuve l’art. 18.

« L’art. 19 (ancien 21), est relatif aux heures d’allumage et d’extinction. Vous vous souvenez que la Cie du gaz a émis la prétention de mettre à la charge de la ville les frais de la 2ème extinction sous le prétexte qu’elle n’était tenue qu’à une ; la dépense de la seconde, – celle des becs qui restent allumés toute la nuit -, devant être supportée par nous. Pour éviter désormais toute difficulté à ce sujet, il est entendu qu’il y aura dorénavant deux extinctions payées par les concessionnaires.

Une addition précise ce qu’il faut entendre par période d’été et d’hiver . »

Le Conseil adopte l’art. 19.

Les articles 20 et 21 du traité actuel sont maintenus avec l’indication ajoutée à l’art. 21 que les allumeurs ne devront pas être âgés de moins de 16 ans.

M. le Rapporteur : « La première partie de l’art. 22, (24 actuel) qui fixe le temps accordé pour l’allumage est maintenue.

Nous vous proposons de compléter cet article, ce qui est accepté par les concessionnaires, de la façon suivante : « Les extinctions commenceront à l’heure indiquée, en vertu du même article (19 )

Les concessionnaires s’engagent, en outre, à faire parcourir chaque nuit la ville par deux employés pour rallumer les becs de gaz qui viendraient à être éteints accidentellement avent l’heure ».

Ceci constituera une amélioration très désirable. »

Le Conseil adopte l’art. 22.

« L’art. 23 traite de l’entretien des appareils ; c’est l’art. 25 actuel, auquel nous ajoutons, comme étant à la charge des concessionnaires, les becs, manchons, cheminées, réflecteurs, etc., des becs à incandescence tant que le modèle de ces becs ne sera pas changé. »

Le Conseil approuve l’art. 22 ainsi que l’art. 24.

«  L’art. 25 (27 actuel), fixe à 7,30 par bec en place et par an, l’indemnité à payer par la ville aux concessionnaires en représentation des frais résultant pour eux de l’exécution des art. 21, 22, 23 et 24 du présent traité. Cette somme de 7,30, applicable à l’origine aux becs papillons, les seuls existant alors, ne comprenait pas, naturellement, les frais de remplacement des manchons et cheminées des becs à incandescence établis depuis, et la ville était tenue de la payer en plus de 7,30 sans qu’il lui fut possible d’exercer un contrôle efficace ; elle a dépensé de ce chef, en 1906, un supplément de 18 fr. par bec à incandescence soit au total 25,30 pour cette catégorie de lanternes.

À l’avenir, moyennant un abonnement annuel de 7,30 + 5,50 soit 12,80, les concessionnaires se chargent de l’entretien complet des lanternes à incandescence.

Ce prix est inférieur à celui que paient la plupart des villes.

C’est encore là un des avantages du nouveau traité. »

Le Conseil approuve l’art. 25.

L’art. 26 est maintenu.

M. le Rapporteur : « L’art. 27 nouveau est relatif aux pénalités ; il est calqué sur celui de Bordeaux et remplace l’art. 29 du traité actuel qui ne prévoyait que des pénalités dérisoires. »

Le Conseil approuve l’art. 27 proposé, ainsi que les art. 28 et 29 ‘ 30 et 31 du traité actuel).

Éclairage particulier.

« L’art. 30 (32 du traité actuel), oblige les concessionnaires à fournir le gaz à toutes personne qui aura contracté un abonnement de trois mois au moins sous la condition de garantie prévue au dit article.

C’est ici qu’il convient d’ajouter la disposition que vous avez adoptée à l’occasion du vote de l’art. 15, (prix du gaz), et qui consiste à imposer aux concessionnaires des compteurs P.P. chez ceux qui en demanderont. »

L’art. 30 ainsi complété est approuvé.

L’art. 31 (33 actuel) est accepté, de même que les art. 32, 33 et 34. ce dernier remplace l’article 36 actuel qui n’obligeait les concessionnaires à fournir le gaz que jusqu’à 1 heure du matin ; désormais les abonnés pourront l’exiger jour et nuit.

Éclairage électrique.

M. le Rapporteur : « Toute cette partie du traité est nouvelle ; le texte en a été établi avec le concours d’hommes techniques, il a été étudié par M. Clavel Ingénieur en chef, Agent Voyer en chef du département, et par M. Habasque avocat conseil de la commune ; – tout comme le traité du gaz d’ailleurs – ; il a été modifié selon leurs avis dans la mesure du possible et a enfin été arrêté après de laborieuses négociations avec les concessionnaires.

Nous vous proposons donc d’accepter le texte de ce chapitre comprenant les art. 35 à 50 tel qu’il vous est soumis.

En ce qui concerne les prix, je rappellerai pour mémoire que l’ancien Conseil d’administration de la Société d’éclairage demandait il y a quelques années 0,12 l’hectowatt heure pour la ville et 0,15 pour les particuliers, sans réduction pour l’avenir ; les prix du nouveau traité sont autrement avantageux. »

M. le Maire : « Je vous propose d’insérer à l’art. 37 une modification relative à la garantie de consommation pour les canalisations établies sur la demande de la ville en dehors de celles qui doivent former le premier réseau.

D’après le texte que vous avez sous les yeux, cette garantie est due, sans limitation de durée, tant que le minimum de consommation ne sera pas atteint ; j’estime qu’il faut limiter cette garantie à la première année seulement ; elle ne sera pas due pour les années suivantes, même si le minimum prévu n’est pas atteint. »

Le Conseil approuve.

M. le Maire : «Je vous demande également de supprimer le dernier paragraphe de l’art. 37 relatif à l’intervention officieuse de la ville auprès des propriétaires ou entrepreneurs avec lesquels les concessionnaires auraient des difficultés, et d’ajouter le paragraphe suivant : «Le Travaux ne pourront, comme il dit à l’art. 6, être commencés qu’après autorisation du Maire ». »

Le Conseil approuve.

Art. 39 – M. le Maire : « Comme pour le gaz, j’ai essayé d’obtenir des concessionnaires qu’en fin de concession la station électrique affectée au service de l’éclairage, son matériels et ses dépendances, ses compteurs, ses approvisionnements et ses produits, ainsi que la canalisation entière, ou tout au moins celle-ci, devienne la propriété de la commune sans indemnité. Je me suis heurté à un refus formel. Si don, à l’expiration de la concession la ville ne s’entend pas avec les concessionnaires pour en opérer le renouvellement et qu’elle veuille à ce moment devenir propriétaire de la station électrique, de ses dépendances, de son matériel, etc., elle devra les acheter. »

Art. 41 – M. Canton : “Comme pour le gaz, (art 17), je vous demanderai d’ajouter à la suite du premier paragraphe une disposition disant que “le Directeur exploitant des Casinos municipaux paiera l’électricité à un prix qui, dans aucun cas, ne pourra être supérieur à celui payé par la ville”.”

M. le Maire : “Cette clause sera peut-être plus défavorable qu’avantageuse pour le Directeur du Casino car sans cette disposition il pourrait peut-être obtenir un prix plus réduit que celui de la ville. J’entends bien que la rédaction proposée n’empêche pas le Directeur du casino de bénéficier d’un prix inférieur, mais il est bien possible que les concessionnaires exigent le prix payé par la ville.”

M. Canton ; “C’est le Directeur du casino qui demande cela, donnons lui satisfaction.”

M. le Maire ; “Je ne m’y oppose pas, mais il faut que les concessionnaires acceptent.”

Le Conseil approuve l’addition proposée par M. Canton.

Sous le bénéfice des observations présentées par M. le Maire à propos de l’art. 39 et des modifications apportées aux art. 37 et 41, le Conseil, à l’unanimité, approuve l’ensemble du chapitre relatif à l’éclairage électrique comprenant les art. 35 à 50.

M. le rapporteur : “L’art. 51 détermine les cas où la concession pourra être retirée par la ville ; il est la reproduction de l’art. 84 du cahier des charges de Bordeaux ; et conformément à la proposition de M. Fages, les Commissions vous proposent d’ajouter un 5ème cas de retrait possible de la concession, c’est celui de faillite ou de liquidation judiciaire des concessionnaires.”

Le Conseil adopte l’art. 51 avec l’addition proposée.

“L’art. 52 complète le précédent et est tiré du cahier des charges de Bordeaux ; nous vous proposons de l’accepter.”

M. le Maire : “Je vous demande, pour plus de précision, de la compléter, après les mots : “la ville prendra possession de plein droit”, par ceux-ci : “et de toute propriété”, la suite sans changement.”

Le Conseil approuve l’art. et l’addition.

“L’art. 53 fixe les conditions du rachat de la concession ; il est semblable à celui de bordeaux.”

Le Conseil l’approuve.

“L’art. 54 met à la charge des concessionnaires non seulement les frais de timbre de la présente convention, mais encore ceux afférents aux travaux et fournitures à exécuter par la suite.

Aux termes du traité de 1881 (actuel), ces frais sont supportés par moitié ; désormais, la ville en sera déchargée complètement.”

Le Conseil approuve.

M. le Rapporteur : “Vous vous rappelez, Messieurs, que le précédent Conseil d’administration de la Cie du gaz avait intenté à la ville quatre actions judiciaires qui sont toujours pendantes devant le Conseil de préfecture.

Ces litiges avaient pour cause le refus de paiement du déplacement du chemin de Moulleau, de la garantie de consommation du boulevard Deganne, des frais résultant de la deuxième extinction, et enfin le différent relatif à la consommation horaire des becs à incandescence.

M. le Maire a eu la bonne inspiration de demander aux concessionnaires le retrait du rôle de ces affaires et de considérer ces procès comme éteints sans qu’il y ait lieu à indemnité d’aucune sorte de part et d’autre et il a été assez heureux pour obtenir satisfaction. Nous ne pouvons que le féliciter et vous proposer d’accepter dans son entier l’art. 55.”

Le Conseil approuve.

“L’art. 56 est le dernier. Il stipule que la présente convention annule et remplace dans toutes ses parties le traité du 22 juillet 1881 et sera dorénavant seule appliquée, sous réserve toutefois de l’exécution des clauses prévues dans la convention spéciale pour le tramway et leur retentissement sur la présente convention.

Dans le cas d’inexécution de ces dernières, il est convenu qu’on reviendrait purement et simplement au traité de 1881.

Vos Commissions estiment qu’il doit bien en être ainsi.”

Le Conseil adopte l’art. 56.

M. le Maire ; “Je mets aux voix l’ensemble de la convention qui doit désormais remplacer le traité du 22 juillet 1881.”

Le Conseil l’approuve à l’unanimité et autorise M. le Maire à la Signer.

 

Convention modificative au traité du 22 juillet 1881 approuvé par M. le Préfet de la Gironde le 24 août 1881, pour la fourniture à la Ville d’Arcachon et aux particuliers du gaz pour l’éclairage et le chauffage.

Entre les soussignés :

Monsieur Jean-Baptiste-James VEYRIER-MONTAGNÈRES, Chevalier de la Légion d’honneur, Maire de la Ville d’Arcachon, agissant ès qualité, en vertu de la délibération du Conseil Municipal en date du 12 mai 1907, d’une part ;

Et Monsieur Édouard J. GUÉNON, Ingénieur civil, Administrateur de la Société Anonyme d’Éclairage et de Chauffage d’Arcachon, au capital de 800.000 francs, dont le siège social est à Bordeaux, 108, boulevard de Caudéran, agissant ès qualité, conformément à la délibération du Conseil d’Administration, en date du 14 mais 1907, d’autre part ;

Il a été convenu et arrêté ce qui suit :

 

Dispositions générales

Par un traité en date du 20 février 1869, approuvé par le Préfet le 22 du même mois et enregistré à La Teste le 3 mars suivant (f° 53 recto cases 7, 8 et verso cases 1, 2, 3. reçu quatorze cent trente-Quatre francs, décime et demi deux cent quinze franc dix centimes, signé Peyramale), M. le vicomte de Thury, alors Maire d’Arcachon, concéda à la Société Immobilière le privilège de l’éclairage au gaz de cette ville pour une durée de 22 années commençant le 22 février 1869 et finissant le 22 février 1891.

En 1881, le Conseil Municipal ayant manifesté le désir d’apporter certaines modifications aux conditions alors en vigueur, des pourparlers furent engagés entre le Maire d’Arcachon et la Société Immobilière. À la suite de ces pourparlers intervinrent de nouveaux accords qui furent signés par les parties le 22 juillet 1881, approuvés par le préfet de la Gironde le 24 août 1881 et enregistrés à Bordeaux, Bureau des Domaines, le 8 septembre 1881, folio 49, verso cases 5 et 6, et reçu mille cinq cents francs décimes compris, signé Hébrard.

Le 29 février 1892, la Société Immobilière, en vertu du droit qu’elle s’était réservé de constituer une société spéciale pour l’exploitation de l’usine à gaz (art. 16 du traité), constituait la Société Anonyme d’Éclairage et de Chauffage d’Arcachon, au capital de 800.000 francs, pour continuer l’entreprise du gaz à Arcachon.

En 1907, le Conseil Municipal désirant améliorer les conditions de l’éclairage au gaz et mettre à la disposition de la Ville et des particuliers la fourniture du courant électrique pour l’éclairage et pour tous autres usages industriels, et en même temps obtenir la construction du tramway d’Arcachon au Moulleau, concédé par un décret en date du 31 octobre 1906, tout en faisant obtenir à la Ville et aux particuliers une réduction du prix du gaz, les modifications et adjonctions ci-après, sont apportées au traité du 22 juillet 1881 :

 

Article premier

La Ville d’Arcachon concède, aux charges et conditions énumérées cièaprès, à la Société Anonyme d’Éclairage et de Chauffage d’Arcachon qui accepte, le droit exclusif de distribution et de vente du gaz d’éclairage et de chauffage dans toute l’étendue de la ville d’Arcachon au moyen de canalisations que la dite Société aura seule, pendant toute la durée de la concession, le droit de poser et de conserver pour la conduite du gaz sous les voies publiques existantes ou à créer, de quelque nature qu’elles soient.

La Ville d’Arcachon concède en outre à la Société Anonyme d’Éclairage et de Chauffage d’Arcachon, aux clauses, charges et conditions suivantes, le droit exclusif d’utiliser les voies publiques communales existantes ou à créer, dans les limites de sa concession, en vue de pourvoir à la distribution et à la vente de l’énergie électrique pour l’éclairage public et privé, et, pour tous autres usages, sous les réserves et les conditions fixées par la loi du 15 juin 1906.

 

Art. 2

La durée de la concession accordée suivant convention du 22 juillet 1881, qui expirait le 24 août 1926, est prorogée jusqu’au 30 juin 1947 avec les additions et modifications déterminées par la présente convention. Toutefois cette prorogation est accordée sous les réserves contenues au traité passé ce jour entre les parties et relatif à la mise en exploitation du tramway d’Arcachon-Moulleau, notamment dans ses articles 1 et 8.

 

(Les articles 3 à 34, relatifs au gaz n’ont pas été reproduits ici)

 

ELECTRICITE

 

Art. 35

La Société Anonyme d’Éclairage et Chauffage d’Arcachon sera personnellement tenue d’installer à Arcachon une usine génératrice d’énergie électrique suffisante pour faire complètement face aux nécessités de l’éclairage de la Ville et des particuliers, en même temps que pour fournir le courant nécessaire qui pourra lui être demandé pour toutes explitation industrielles, et dans les conditions définies à l’article 36 ci-après.

La Société Anonyme d’Éclairage et Chauffage d’Arcachon s’engage à avoir achevé la construction de son usine génératrice et les canalisations prévues à l’article 37 dans un délai de douze mois après l’approbation des présentes par l’Autorité supérieure.

 

Art. 36

La Société concessionnaire sera libre d’employer, à ses risques et périls, tels systèmes de courants et tel modes de distribution qui lui conviendraient.

Les canalisations resteront en charge jour et nuit sans interruption, sauf en cas de force majeure : travaux publics, entretien du matériel, entretien et pose des canalisations.

Les variations totales de tension sur les branchements ne devront pas normalement dépasser 4 % en plus ou en moins de la tension adoptée.

 

Art. 37

Les canalisations et tous les ouvrages sur la voie publique seront établis suivant les règles de l’art et conformément aux prescriptions des lois et règlements sur la matière.

Les Concessionnaires seront libres de choisir le tracé de leurs canalisations, mais leur premier réseau devra obligatoirement comporter les voies suivantes :

Avenue Gambetta, boulevard de la Plage, rue du Casino, cours Lamarque de Plaisance, et Sainte-Anne jusqu’à l’Avenue du Château, avenue du Château et boulevard d’Haussez.

les canalisations seront aériennes ou souterraines, au choix des concessionnaires et ne pourront être établies qu’après que leur plan déposé à la Mairie, comme il a été prévu à l’article 6, aura été approuvé. Ce plan devra indiquer la hauteur des fils ou câbles aériens.

Pour les lignes aériennes, les fils seront supportés par des poteaux pylônes ou des consoles en fer, en fonte, ou en toute autre matière, d’un modèle approuvé par l’Administration. Il ne sera fait usage de poteaux en bois que dans des cas exceptionnels et jamais dans la partie agglomérée de la ville.

Leur tracé sera étudié de façon à ménager le plus possible les plantations faites le long des voies et devra être agréé par la Ville.

Les Concessionnaires traiteront, à leurs risques et périls, avec les propriétaires, pour la pose des appareils et supports et le passage des fils sur les immeubles particuliers. Au cas où il serait nécessaire, la Ville pourra demander la déclaration d’utilité publique des travaux projetés par les Concessionnaires, mais elle ne sera jamais responsable, d’aucune manière, des indemnités à payer aux particuliers, ni du refus de déclaration d’utilité publique.

En dehors des canalisations dont les concessionnaires devront former leur premier réseau, ils seront tenus d’établir toutes celles qui lui seront demandées par la Ville, mais à la charge de cette dernière de leur garantir mensuellement pendant la première année de mise en service, une consommation de 2 kilowatts-heure par mètre courant de canalisation.

dans le cas où cette consommation minima ne serait pas atteinte, et pour la première année de mise en service seulement, le déficit sera payé par la Ville, à un prix réduit de 75 % par rapport à celui du tarif applicable aux particuliers en ce qui concerne l’éclairage.

De même qu’à l’article 6 relatif aux canalisations de gaz, les Concessionnaires seront tenus, chaque fois qu’ils auront à établir une canalisation nouvelle, de déposer à la Mairie un plan de cette canalisation à l’échelle 5 millimètres par mètre, avec toutes les indications nécessaires au dit article 6.

Les travaux ne pourront, comme il est dit à l’article 6, être commencés qu’après autorisation du Maire.

 

Art. 38

Si, dans le cours de la concession, des procédés nouveaux, éprouvés par deux années d’exploitation dans une ville de France de plus de 10.000 habitants, conduisent à un abaissement du prix de l’énergie électrique d’au moins 20 %, la Ville jouira des mêmes prérogatives qu’elle s’est réservées à propos du gaz dans l’article 4 ci-dessus.

 

Art. 39

Si, à l’expiration du présent traité, la Ville ne s’entend pas avec les Concessionnaires pour en opérer le renouvellement, elle se réserve la faculté d’acquérir la station électrique affectée au service de l’éclairage, son matériel et ses dépendances, ses compteurs, ses approvisionnements et ses produits, ainsi que la canalisation entière, soit à un prix à débattre, soit à des conditions qui seront fixées à dire d’experts, conformément aux dispositions de l’article 15 ci-dessus.

 

Service public

Art. 40

La ville aura le droit de demander, si elle le juge à propos, des installations de lampes à arc ou de lampes à incandescence, dans toutes les voies où il existera des canalisations électriques.

Elle pourra employer à son gré, soit le gaz soit l’électricité, ou employer les deux éclairages soit séparément, soit les deux en même temps . Si elle demandait des installations dans des voies non canalisées, elle aurait à garantir au Concessionnaire le minimum de consommation prévu par l’article 37.

La fournitures des branchements et des appareils, candélabres, lampes complètes, , globes, etc., en un mot, de tous les objets qui seront nécessaires à l’installation de l’éclairage public à partir des conducteurs principaux, seront faits aux frais de la Ville par les Concessionnaires auxquels la Ville s’engage à donner la préférence à prix égal sur tous les autres fournisseurs pour la fourniture de ces appareils. L’installation sera toujours faite par les Concessionnaires à prix débattus et approuvés par le Maire.

Cependant, pour les installations à faire et la fourniture pour les appareils d’ornementation qui pourraient être nécessaires pour les bâtiments communaux, tels que tulipes, globes, etc, etc., la Ville se réserve le droit de demander des prix à d’autres industriels et de se fournir chez eux sans que les Concessionnaires puissent élever aucune réclamation.

La Ville se réserve également, pour les fêtes et réjouissances publiques, le droit de commander toute installation décorative à des industriels qui font une spécialité de ces décorations ; dans ce cas, les Concessionnaires n’auront à fournier que l’énergie électrique, dans la limite disponible.

L’entretien de tout le matériel des voies publiques comprenant le nettoiement des lanternes, globes ou appareils, et la peinture une fois par an des supports, ainsi que le remplacement des objets cassé ou usés, notamment des lampes à incandescence et charbons des lampes à arc seront faits par les concessionnaires également aux frais de la Ville, et moyennant le paiement d’une redevance égale à 5 % de la valeur de l’électricité consommée sur les voies publiques.

 

Art. 41

L’énergie électrique sera fournie à la Ville pour ses divers besoins, tant sur la voie publique que dans les établissements municipaux tels qu’ils sont définis à l’article 17, et tant pour l’éclairage que pour la force motrice, à des prix réduits de 50 % par rapport à ceux du tarif applicable aux particuliers. Le directeur exploitant des Casinos municipaux paiera l’électricité à un prix qui, dans aucun cas, ne pourra être supérieur au prix payé par la Ville.

Pour les lampes à incandescence des voies publiques, la consommation sera calculée d’après le tableau des heures d’allumage, en appliquant à chacune de ces lampes en service, une consommation de 3,33 watts par bougie et par heure. Ce taux s’applique aux lampes actuellement en usage courant pour l’éclairage public. Si de nouveaux types de lampes étaient employés, le taux de consommation serait établi, en ce qui les concerne, après expériences contradictoires.

Pour les lampes à arc, la consommation sera, au choix de la Ville, mesurée au compteur ou calculée en appliquant aux dites lampes des taux de consommation établis après expériences contradictoires.

La consommation des lampes employées dans les bâtiments municipaux sera toute mesurée au compteur.

 

Art. 42

Chaque mois, le Maire dressera et communiquera avent le 30, aux Concessionnaires, un tableau indiquant les jours et heures d’allumage et d’extinction et les lampes électriques qui seront en service le mois suivant. Les frais d’allumage et d’extinction seront à la charge des Concessionnaires.

 

Art. 43

La Ville aura le droit, aux jours qu’elle désignera, de faire telles vérifications qu’elle jugera à propos, de tension et d’isolement du réseau, de débit et d’intensité lumineuse des lampes.

Les Concessionnaires seront tenus, à cet effet, d’organiser à leurs frais, les installations nécessaires pour ces vérification.

Ils devront donc installer, sur un point qui leur sera désigné et dans un rayon de 300 mètres autour le la Mairie, l’établissement d’une dérivation d’au moins 100 watts, la fourniture, la pose et l’entretien de toutes conduites, câbles, fils, voltmètres et ampèremètres enregistreurs, et plus généralement de tous appareils qui pourraient être reconnus nécessaires pour le contrôle, sans que la dépense nécessité par cette installation puisse dépasser 2.500 francs. ces appareils seront étalonnés et gradués par le Laboratoire d’électricité industrielle de la Faculté des sciences de Bordeaux.

 

Service particulier

Art. 44

Les Concessionnaires seront tenus de fournir l’électricité, dans les rues canalisées, à toutes personne qui demandera à contracter un abonnement de trois mois au moins, fournira la garantie exigée par l’article 30 et se conformera aux règlements concernant la pose des appareils. Les polices seront conformes à un modèle approuvé par le maire.

 

Art. 45

La livraison de l’énergie électrique sera faite au compteur.

Les Concessionnaires seront maîtres de leurs tarifs sous la condition de ne pas dépasser les prix suivants qui sont des maxima.

Tant que la consommation totale (abonnés et Ville) appliquée à l’éclairage ou à la force motrice autre que pour le service des tramways se maintiendra au-dessous de 250.000 kilowatts-heure annuels :

Pour l’éclairage                                 0,10 F l’hectowatt heure

Pour la force motrice                     0,07 F

Lorsque cette même consommation totale annuelle dépassera 250.000 kilowatts-heure :

Pour l’éclairage                                 0,08 F l’hectowatt heure

Pour la force motrice                     0,06

 

Art. 46

Les branchements à partir des conducteurs principaux jusqu’aux compteurs seront fournis et posés par les Concessionnaires aux frais des abonnés, à des prix débattus entre eux et les Concessionnaires, dans les limites d’un tarif approuvé par l’Administration municipale et révisable tous les cinq ans.

Les compteurs seront des meilleurs types reconnus. Les abonnés pourront les acheter soit à tout fournisseur de leur choix, soit aux Concessionnaires, soit encore les prendre en location à ces derniers.

Les compteurs devront, avant d’être mis en place, avoir été vérifiés par le laboratoire des Concessionnaires et porter une marque de cette vérification, avec plombs de sureté. Après toute réparation ayant nécessité la rupture des plombs apposés par le Laboratoire, le compteur devra être renvoyé à la vérification.

La pose des compteurs sera toujours faite par les concessionnaires au frais de l’abonné, dans la limite d’un tarif approuvé par l’Administration municipale et révisable tous les cinq ans. Les locations de compteurs par les Concessionnaires se feront également dans les limites d’un tarif approuvé et révisable comme ci-dessus.

 

Art. 47

En cas de doute sur le bon fonctionnement des compteurs, il sera procédé à leur vérification sur la demande des Concessionnaires ou des abonnés ; si ces derniers n’acceptaient pas la vérification des Concessionnaires dans leur usine, les compteurs seront envoyés au Laboratoire d’électricité industrielle de la Faculté des sciences de Bordeaux ; les frais de vérification ainsi faits seront à la charge de la partie qui succombera.

 

Art. 48

Les abonnés auront le droit de faire établir et entretenir leurs installations intérieures par un entrepreneur de leur choix.

Ces installations devront être faites suivant toutes les règles de l’art, de manière à assurer la sécurité et ne pas compromettre le fonctionnement de la distribution des Concessionnaires.

Le courant pourra être refusé à un moment quelconque à l’abonné dont l’installation serait reconnue défectueuse par le Concessionnaire, mais aux risques et périls de celui-ci au cas où il ne justifierait pas de cette défectuosité.

 

Art. 49

Nonobstant la présente convention et toutes autorisations obtenues par eux, les Concessionnaires seront seuls responsables tant envers la Ville, qu’il garantiront le cas échéant, qu’envers les tiers, de toutes les conséquences dommageables que pourraient entraîner l’exécution, la présence ou le fonctionnement de leurs canalisations électrques ou de leurs accessoires.

 

Art. 50

Toute inexécution des clauses de la présente convention, toute infraction aux règlements en vigueur ou aux prescriptions édictées par l’Administration dans la limite de ses droits et qui auraient fait l’objet d’une constatation notifiée aux Concessionnaires dans la forme administrative, donneront lieu, sauf justification pour cas de force majeure ou de malveillance, à l’application d’une amende de 10 francs par infraction et par jour de retard jusqu’à l’exécution de la prescription, sans préjudice des poursuites qui pourraient être exercées pour contravention et de l’application, le cas échéant, de la clause relative au retrait de la concession.

Pour les extinctions de lampes ou foyers établis sur les voies publiques, les retenues suivantes seront appliquées au lieu et place de celle de 10 francs ci-dessus stipulée :

1° 25 centimes par foyer à arc et par heure, si la lumière n’est pas suffisamment régulière ou n’a pas l’intensité prescrite ;

2° 25 centimes par foyer à arc et par heure ou fraction d’heure d’extinction ;

1 franc par nuit et par lampe à incandescence de toute intensité trouvée éteinte entre l’heure de l’allumage et celle de l’extinction, ou ne donnant pas la lumière réglementaire. L’amende sera réduite à 50 centimes si la lampe a été rallumée ou remplacée dans la première moitié de la durée de l’éclairage, et alors qu’il en aura été justifié.

Les amendes ci-dessus seront doublées si, après une notification faite aux Concessionnaires le lendemain avant midi, les extinctions, irrégularités ou insuffisances de lumière se reproduisent la nuit suivante.

Mais, dans tous les cas ci-dessus, le prix de l’éclairage de la lampe ne sera pas déduit.

Le Maire aura toujours le droit de prélever, par simple arrêté, sur les sommes dues par la Ville aux Concessionnaires, les retenues faites par application des articles 6, 10, 12 , 27, 28 et 50 du présent traité et sans qu’il soit besoin d’aucune mise en demeure ou autre formalité judiciaire.

 

Art. 51

La concession qui fait l’objet des présentes conventions pourra être retirée par la Ville :

1° Si l’éclairage public n’est pas assuré ou si le gaz ou l’électricité ne sont pas fournis aux particuliers dans les conditions stipulées dans les différents articles ci-dessus.

2° Si, sans cause fortuite ou de force majeure, les Concessionnaires suspendent la distribution du gaz ou de l’électricité sur tout ou partie de leur réseau au-delà du temps strictement nécessaire pour opérer les réparations.

3° Si, après une mise en demeure leur impartissant le délai nécessaire, les Concessionnaires ne se conformaient pas aux obligations imposée par la présente convention.

4° Si les Concessionnaires abandonnaient l’entreprise avant le terme fixé, quelle que soit la cause de cet abandon.

5° Si les Concessionnaires sont déclarés en faillite ou en liquidation judiciaire.

6° Le retrait de la concession entraînera la déchéance des Concessionnaires qui sera prononcée par le Maire.

 

Art. 52

En cas de retrait de la concession ou de déchéance, la Ville prendra possession, de plein droit et en toute propriété, sans aucune indemnité, des canalisations et de tous les appareils établis sur ou sous la voie publique.

 

Art. 53

La Ville aura le droit de racheter la concession, objet du traité du 22 juillet 1881 et de la présente convention, dès la fin des dix années qui suivront l’approbation de cette dernière par l’Autorité préfectorale et, par la suite, à la fin de chaque période de cinq ans, à la condition de prévenir les Concessionnaires un an à l’avance et de leur payer :

1° Le prix de leurs usines y compris le matériel, les dépendances, les approvisionnements, les réseaux de canalisations et tous autres objets leur appartenant, ainsi que les compteurs et appareils divers installés en location chez les abonnés, le tout estimé à la valeur industrielle à dire d’experts ;

2° Une indemnité industrielle égale à la moyenne des bénéfices nets des trois dernières années d’exploitation, multiplié par la moitié du nombre d’années restant à courir pour arriver au terme de la concession.

 

Art. 54

Tous les frais de timbre et d’enregistrement nécessités par la présente convention, tant pour le présent que pour les travaux et fournitures à exécuter par la suite, seront supporté par les Concessionnaires.

 

Art. 55

De convention spéciale, il est formellement entendu que les Concessionnaires s’engagent dès ce jour à demander le retrait du rôle des affaires soumises au Conseil de préfecture et à considérer comme éteints, sans qu’il puisse y avoir lieu à indemnité d’aucune sorte de part, ni d’autres, les procès intentés par la Société Anonyme d’Éclairage et Chauffage à la Ville d’Arcachon au sujet :

1° Du déplacement de la canalisation du chemin du Moulleau ;

2° de la garantie de consommation du boulevard Deganne ;

3° Des frais résultants de la deuxième extinction ;

4° Du différent relatif à la consommation horaire des becs à incandescence.

 

Art. 56

La présente convention annule et remplace dans toutes ses parties le traité du 22 juillet 1881 et sera dorénavant seule appliquée, sous réserve toutefois de l’exécution des clauses prévues dans la convention spéciale pour le tramway et de leur retentissement sur la présente convention.

Dans le cas d’inexécution de ces dernières, il est convenu qu’on reviendrait purement et simplement au traité de 1881, et, Qu’en plus du cautionnement de 50.000 francs que les Concessionnaires sont tenus de verser en exécution de l’article 6 de la convention spéciale relative au tramway, ils devront payer à la Ville un dédit de 30.000 francs dans les quinze jours qui suivront l’expiration du délai de dix-huit mois accordé par l’article 4 de la dite convention spéciale pour l’achèvement du tramway.

Fait en double original à Bordeaux, le 18 mai 1907

Lu et approuvé

Veyrier-Montagnères                                                              E. Guénon

Maire d’Arcachon

Vu et approuvé

Bordeaux, le 5 juin 1907

Pour le Préfet, le Secrétaire général

Signé : Coggia

Pour baser les droits d’enregistrement du présent acte, l’Administrateur soussigné, au nom de La Société Anonyme d’Éclairage et Chauffage d’Arcachon, déclare que les valeurs objet du présent marché sont estimées provisoirement à la somme approximative de cent-vingt mille francs.

Bordeaux, le 4 juin 1907

Signé : E. Guénon.

Enregistré à La Teste, le vingt-cinq juin 1907, f° 33, Ce 16.

Reçu quinze cents francs pour marché et trois francs décimes soixante-quinze centimes, pour promesse de vente.

Signé : A . Danty

 

(Avenir d’Arcachon N° 2840 du 12/5/1907)

Tramway de Moulleau – …

Dans la nuit du 27 avril, M. le Maire d’Arcachon a entretenu officieusement de Conseil Municipal de la création d’un réseau d’électricité et du projet d’établissement d’un tramway électrique de l’Aiguillon à Moulleau.

À notre humble avis, ce projet ne contribuera en rien du tout au développement balnéaire, commercial, et industriel de notre région. Ce tramway n’amènera jamais personne à part M. Canton ; il encombrera nos boulevards déjà étroits et gênera horriblement la circulation des Voitures et des Automobiles, voire même des Piétons.

Ces derniers seront de plus exposés, par les vents de tempête, à sentir leur tomber sur la tête les fils électriques tenus comme des toiles d’araignée sur des poteaux fort gênants. Tout cela pour aller… de l’Aiguillon à Moulleau.

Et elle serait jolie ! la route de Moulleau, notre seule et courte promenade, qui nous a coûté si cher, quand un tramway vide s’y trimballera !

 

(Avenir d’Arcachon N° 2842 du 26/5/1907)

Gaz, électricité, tramway – La ville modifie le traité du Gaz de 1881 ; elle impose aux concessionnaires, dans un délai fourni par l’administration, l’installation, à leurs frais, des appareils nécessaires pour la constatation du pouvoir éclairant, calorifique et de l’épuration du gaz.

La concession est prorogée jusqu’en 1947.

La Ville pourra exiger la pose de nouvelles canalisations à n’importe quel moment de l’année.

Le prix du gaz sera pour la Ville de 0 fr.15 le mètre cube ; pour les particuliers, 0 fr.25 le mètre cube.

– On va, paraît-il établir l’électricité.

La livraison de l’électricité sera faite au compteur.

Les concessionnaires seront maîtres de leurs tarifs sous la condition de ne pas dépasser les prix suivants qui sont des maxima.

Tant que la consommation totale (abonnés et Ville) appliquée à l’éclairage ou à la force motrice autre que pour le service des tramways se maintiendra au-dessous de 250.000 kilowatts heure annuels :

Pour l’éclairage, 0 fr. 10 l’hectowatt heure ; pour la force motrice, 0 fr. 07 l’hectowatt heure.

Lorsque cette consommation totale annuelle déduction faite de l’énergie employée au service du tramway, dépassera 250.000 kilowatts heure :

Pour l’éclairage, 0 fr. 08 l’hectowatt heure ; pour la force motrice, 0 fr. 06 l’hectowatt heure.

L’usine électrique doit être construite dans le délai d’une année à partir de l’approbation des conventions par l’administration supérieure.

De plus on annonce la création du tramway de la pointe de l’Aiguillon au Moulleau.

Nous sommes partisans de l’éclairage électrique que nous demandons depuis fort longtemps à notre vaillante Société d’Éclairage et de Chauffage d’Arcachon, que nous avons toujours défendue contre les critiques municipales.

 

(Avenir d’Arcachon N° 2847 du 30/6/1907)

Gaz, Électricité, tramway – Le nouveau traité conclu entre la Ville d’Arcachon et la Compagnie du gaz, pour l’amélioration de l’éclairage, la création d’un réseau électrique et l’établissement d’une ligne de tramway de l’Aiguillon à Moulleau, a été approuvé par M. le Préfet de la Gironde.

Se conformant aux clauses et conditions de ce traité, la Compagnie du gaz a versé dans la caisse municipale une somme de 50.000 fr., en garantie des engagements qu’elle a contractés envers la Ville.

 

(Avenir d’Arcachon N° 2848 du 7/7/1907)

Conseil municipal – Dans la séance du 29 juin, on fait connaître que la commission départementale de la gironde a approuvé la substitution de la Société d’éclairage et de chauffage à M. Odelin, concessionnaire du tramway de l’Aiguillon à Moulleau. Cette Société a versé comme garantie une somme de 50.000 fr. dans la caisse municipale, a remboursé 30.000 fr. à M. Odelin, représentant les frais d’étude de la ligne du tramway et a versé dans la caisse du département un cautionnement de 15.000 francs.

 

(Avenir d’Arcachon N° 2855 du 25/8/1907)

Hôtel Régina – À voir, au centre de l’allée Corrigan, une importante construction nouvelle, on constate avec joie que la Ville d’Hiver n’a pas dit son dernier mot. Il existe là, au milieu des pins, un emplacement merveilleux qui ne mesure pas moins de sept mille mètres carrés. C’est en 1881 que sur cette plate-forme fut élevé l’Hôtel de la Forêt et d’Angleterre, dont le bâtiment, d’abord rectangulaire, s’agrandissait quelques années plus tard d’une aile bien exposée en plein midi.

Un hôtel dans la Ville d’Hiver d’Arcachon offre ces avantages inappréciables que l’ait qu’on y respire est saturé des embruns de la mer qui est voisine. L’air salin qui est tonique et fortifiant est un reconstituant de vigueurs pour les organismes aptes à le supporter ; mais pour des natures plus délicates, il doit être atténué, adouci, mitigé ; et c’est pour accomplir cette œuvre que sont précieuses les essences térébenthinées des pins, ces grands conifères dont les aiguilles éternellement vertes battent l’atmosphère en l’embaumant du parfum de leurs bourgeons et de leurs sèves.

Un hôtel dans la Ville d’Hiver est, par la puissante forêt, ombragée en toute saison contre les ardeurs trop vives du soleil ; protégé en toute saison contre l’humidité des pluies qui sont bues par la perméabilité des sables ; garanti en toute saison contre la force des brises par l’élévation naturelle des dunes ; c’est un nid climatique de repos sanitaire et vivifiant, de cure douillette et frileuse, de sédation psychique et physique ; c’est l’eden de toutes les poésies et de tous les rêves, le refuge des citadins surmenés, des femmes, des enfants, de toutes les existences trop fragiles, de toutes les fleurs qui penchent.

Un hôtel dans la Ville d’Hiver c’est le sanatorium en liberté, sans le souci des soins du ménage et des charges de la domesticité ; c’est par dessus tout un séjour de reviviscence où l’on acquiert des forces, où l’on refait sa santé, où l’on se soigne par le seul fait de respirer.

le Grand-Hôtel Régina-Forêt et d’Angleterre, dont la clientèle hivernale qui fréquente Arcachon, connaît depuis longtemps l’installation de premier ordre et le confort moderne, vient de s’agrandir d’une aile nouvelle, le pendant de celle qui existait, et qui donne à l’ensemble architectural de l’édifice une harmonieuse et complète autonomie.

Dans cette aile ont été établies trente six chambres, tant au rez-de-chaussée qu’au premier étage, toutes aérées par de vastes baies, pourvues pour la plupart de cabinets de toilette, parfois d’un petit salon, les unes avec balcons, toutes indépendantes et desservies par un vestibule dans toute la longueur ; celles du rez-de-chaussée, montées sur cave, ce qui donne, au point de vue de la salubrité, le bénéfice d’un premier.

En résumé, le Grand-Hôtel Régina disposera désormais de 80 chambres, 3 salons, 2 grandes salles à manger, pouvant ensemble contenir 200 personnes.

Il sera desservi par un ascenseur en acajou et d’un modèle aussi confortable que coquet.

L’entrée de l’hôtel va elle-même être pourvue d’une riche et belle marquise vitrée surmontée de globes électriques, car la puissante machine des sous-sols, éclaire à l’électricité tout l’établissement. L’électricité aurait-elle un caprice, que toutes les lampes sont pourvues des appareils à gaz.

L’automobile que nous avons vu[1] devant l’entrée sous la marquise, fera le tour par le jardin, ira remiser à l’auto-garage assez spacieux pour contenir six voitures.

La salle à manger, disposée en fer à cheval, offre cette particularité qu’au centre se trouve une pièce vitrée, hermétiquement close, pouvant servir de cabinet de correspondance, ou de fumoir pour prendre le café ou le thé. De cette pièce aussi pratique qu’originale, on communique directement avec la salle de billard large, bien éclairée et donnant, comme le restaurant la vue sur les jardins.

Est-il besoin d’ajouter que pour assurer l’irréprochabilité du service d’hiver, la sparterie[2] des salons et restaurants a été très soignée et consiste en tapis de cuir d’une résistance et d’un moelleux très confortables.

Dans ces grandes pièces, certaines fenêtres sont pourvues d’un système récent de plaques vitrées mobiles permettant une aération graduée.

D’ailleurs, pour la saison hivernale, tous les appartements sont pourvus de conduites d’eau chaudes qui semble même rendre inutiles les cheminées existantes, si tant est qu’on veuille s’offrir la joie d’y voir pétiller la flamme d’un bois de pin odorant.

Ce n’est qu’au mois d’octobre prochain que ces nouveaux aménagements seront livrés. Le mobilier qui est tout prêt, n’attend plus que cette date pour faire son entrée dans l’installation qui vient d’être décrite.

Et voilà comment la Ville d’Hiver qui n’a pas dit son dernier mot, s’enrichit pour l’instant d’un établissement déjà réputé, mais dont les beautés nouvelles justifient plus que jamais sa jolie dénomination : Grand Hôtel Régina-Forêt et d’Angleterre.

 

(Avenir d’Arcachon N° 2867 du 17/11/1907)

Éclairage public – L’administration municipale a donné à la Compagnie du gaz d’Arcachon les instructions nécessaires pour transformer l’éclairage de toute la ville au moyen de becs à incandescence.

Les travaux qui viennent d’être entrepris sont répartis sur une période de six mois. Ils seront exécutés dans l’ordre ci-après :

… (suit le planning des travaux, rue par rue) …

Toutes ces transformations et installations vont être réalisées au moyen des réductions sur le prix de l’éclairage consenties à la Ville par la Compagnie du gaz, conformément aux clauses du nouveau traité intervenu il y a quelques mois.

Ce traité, en dehors de la diminution immédiate du prix du gaz pour la Ville et pour les particuliers, va permettre de bénéficier, dans le cours de l’année 1908, de l’éclairage à l’électricité.

Les travaux de construction d’une usine électrique vont être entrepris sous peu dans les dépendances de la Société d’éclairage et de chauffage. cette usine fournira la force motrice pour le tramway de l’Aiguillon à Moulleau, que la même Société s’est engagée à établir.

(à suivre)

 

[1] Le rédacteur s’obstine à considérer que automobile est un nom masculin.

[2] Sparterie : vient de spart (nom de diverses graminées à feuilles résistantes pouvant être utilisées à de nombreux travaux) – Ouvrage tel que corde, tapis, panier, etc., tressé soit en alfa ou en spart, soit en crin végétal.

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