Les Baleste, seigneurs d’Andernos

LA MONTÉE DE LA BOURGEOISIE AU XVIIe SIÈCLE

LES BALESTE,

SEIGNEURS D’ANDERNOS

 

La seigneurie d’Andernos, fief d’Audenge, devint autonome en 1625 et jus­qu’à la Révolution appartint à la famille Baleste, de La Teste et à sa descendance. Trois générations de Baleste ont ainsi possédé Andemos, puis deux générations de Caupos et enfin une dernière génération Caupos-Verthamon.

1ère période : 1625-1749 : les Baleste.

– Pierre Baleste qui acheta Andernos en 1625

– les enfants de Pierre Baleste : Jean, François et Marie

– Marie Baleste, fille de Jean, épouse de Gérard de Caupos, décédée en 1749

2ème période : 1749-1786 : les Caupos, enfants de Marie Baleste

– François de Caupos : 1701-1769

– Marie de Caupos : 1703-1786, qui épousa son cousin Jean de Caupos.

3ème période : 1786-1789 .les Caupos-Verthamon

Marie de Caupos : 1724-An II, fille de la précédente, épouse de Martial de
Verthamon et sur qui le patrimoine des Caupos fut saisi à la Révolution.

Afin d’éviter des ambiguïtés, rappelons l’usage ancien, toujours en vigueur au XVIIe siècle, selon lequel, à l’image des nobles, les bourgeois pouvaient porter la particule « de ». Nous désignerons pour simplifier les Baleste sans la particule, ils l’ont abandonné au 18ème siècle. Par contre, nous la laisserons aux Caupos, car c’est ainsi qu’ils furent connus. D’autre part, le titre seigneurial était habituellement porté par l’époux de la «dame» propriétaire du fief. Ainsi Gérard de Caupos s’inti­tulait Baron d’Andernos, mais il n’était ni propriétaire d’Andernos, ni même baron car Andernos n’était pas une baronnie.

ANDERNOS AVANT 16251

La paroisse d’Andernos était, sous l’ancien régime, partagée entre deux sei­gneuries distinctes : Arès, au nord et Andernos au sud. Lorsque la commune d’An­dernos, créée à la Révolution, fut scindée, les nouvelles communes retrouvèrent à peu de chose près, les limites des anciens fiefs.

Nous rappellerons que la très ancienne « Baronnie d’Audenge » dont les ori­gines remontaient au XIIe siècle, était composée de trois principaux fiefs : Auden­ge, le chef-lieu et siège du château féodal, Lacanau et Andernos. Elle fut démem­brée au XVIIe siècle en trois étapes :

– En 1617, Pierre Baleste, receveur des consignations du Captalat, acheta « la baronnie de Lacanau ».

– En 1619, Jean Castaing, du Teich, beau-père de Pierre Damanieu, capitaine de Certes, acheta la « baronnie d’Audenge », plus exactement le fief audengeois.

– En 1625, Pierre Baleste, juge du Captalat, cousin du précédent, acheta le dernier fief, la « seigneurie d’Andernos ».

LES BALESTE DE LA TESTE

Le nom de famille Baleste est attesté dans la capitale du Pays de Buch à la fin de la guerre de cent ans. On ne le trouve nulle part ailleurs dans notre région, ni à cette époque, ni plus tard à l’exception sans doute des Baleste de Gujan qui sont connus au 16ème siècle et doivent être issus d’une souche commune testerine. Ils appartenaient à toutes les couches sociales. Cependant, les plus nombreux et de loin étaient des bourgeois : bourgeoisie marchande et bourgeoisie de robe. Compte tenu de leur nombre, les diverses branches bourgeoises portaient des sur­noms tels que Manchon, Martinon, Tahard, Bâillon, Baron, etc. ; venus d’un an­cêtre lointain, tous les membres d’une même branche ne portaient pas nécessairement le surnom. Ainsi, Pierre Baleste de Lacanau et son fils ne portaient pas de surnom, par contre le fils cadet était Baleste de Tahard, comme son grand-père.

Les Baleste et quelques autres familles bourgeoises de La Teste ont joué un rôle de première importance dans la vie publique de La Teste et du Pays de Buch. C’est presque uniquement à La Teste que l’on trouvait des gens assez fortu­nés, instruits, sinon lettrés, ayant fait à Bordeaux quelques études supérieures les rendant capables d’occuper les offices des juridictions locales.

Dans le puissant mouvement d’ascension sociale du XVIIe siècle, les Baleste ont eu leur place, mais pas la toute première. Il est vrai que les Damanieu de Cer­tes, les Laville de Biganos, plus tard les Taffard et surtout les Caupos de La Teste sont passés de la bourgeoisie marchande à la bourgeoisie de robe et enfin à la no­blesse parlementaire. Les Baleste n’ont pu satisfaire de telles ambitions : peut-être n’avaient-ils pas de telles vanités ou de moyens financiers suffisants.

Il semble que la descendance masculine des Baleste bourgeois ait disparu comme celle des Damanieu (Amanieu de Ruat), des Laville ou des Caupos. Au­jourd’hui, les Baleste encore nombreux dans la région, sont pour la plupart issus des Baleste de Gujan et quelques autres de La Teste.

Les Baleste ont établi d’innombrables alliances avec les autres familles testerines : Taffard, Caupos, Eymeric, etc. sans craindre des consanguinités ni des cousinages inextricables. L’établissement de généalogies précises et complètes des familles testerines est une tâche utopique ; les registres paroissiaux de La Teste ne sont pas antérieurs au milieu du 17ème siècle, ils sont de médiocre qualité. n’indiquant pas les filiations et en tout état de cause sont incomplets. De plus, presque toutes les minutes notariales du 17ème siècle ont disparu. Seules, celles du 18ème sont de quelque utilité2. Malgré ces difficultés fondamentales et grâce surtout aux textes des archives bordelaises, nous donnerons ci-après un aper­çu sur la famille plus spécialement connue par la désignation « Baleste d’Andernos ».

I – PIERRE BALESTE

juge du Captalat

premier seigneur d’Andernos

Le duc d’Épernon et les Baleste :

Les Baleste jouissaient de la confiance du captal, le duc d’Épernon. Cette confiance, les services rendus au duc, expliquent les faveurs dont ils bénéficièrent dès le début du XVIIe siècle, telle que la donation des plus hautes charges de la magistrature locale, et cela dura tout un siècle.

Lorsqu’il acheta labBaronnie de Lège, le 30 août 1600, Épernon ne fut pas en mesure de payer comptant les 15 000 livres nécessaires. Il chercha une caution et la trouva en la personne de Me Jean Baleste, son procureur d’office de La Teste3. Un peu plus tard, on trouve Jean Baleste, juge de Lège. Vraisemblablement s’agit-il du même personnage gratifié de cet office en reconnaissance de son service. Puis Pierre Baleste, fils du précédent, fut à son tour pourvu de l’office de juge du Captalat4, le plus haut grade, la plus haute dignité auxquels pouvaient atteindre un juriste du Pays de Buch. Sans doute Pierre Baleste était-il bachelier en droit et donc pourvu des titres nécessaires, mais une telle promotion accordée à un jeune homme débutant était à tous égards une faveur exceptionnelle5.

C’est encore dans la mouvance des Épernon que se fit en 1625, l’achat de la seigneurie d’Andernos, détenue jusque là par Raymond de Forgues, grand maître général et réformateur des Eaux et Forêts, et surtout Intendant du duc d’Épernon.

Enfin, lorsque Pierre Baleste de Lacanau fit faillite, Épernon se prêta à une opération d’adjudication en sa faveur et revendit immédiatement le fief à Jean de Caupos, déjà vicomte de Biscarrosse.

Après le décès de Pierre Baleste, l’office de juge passa pour quelques années à Jean Fontebride et revint dans la famille Baleste qui en fut détentrice jusqu’à la fin du siècle. Puis les Épernon-Foix-Candalle disparurent du Captalat et les Baleste perdirent définitivement les fonctions éminentes qu’ils avaient prises du temps de Jean-Louis de Lavalette, duc d’Épernon.

La famille de Pierre Baleste.

Pierre Baleste était le fils de Jean Baleste, devenu juge de Lège et de Blanquine de Caupos, sa première femme. Il se maria en 1626. Le 1er février, le notaire Subiette de La Teste établit en cette occasion un contrat par lequel Baleste père fit une donation à son fils. Selon un usage constant dans l’aristocratie et la bour­geoisie locale, il lui donnait un tiers de tous ses biens. Si cet acte est connu en tota­lité (6), on ignore et le contrat de mariage et le nom de son épouse. Sans doute, vers 1660, apparaît Jeanne de Mesplet, veuve de Pierre Baleste, mais il est douteux que cette épouse fut la première, car les enfants sont nés 15 à 25 ans après ce con­trat de 1626.

L’alliance établie par Jean Baleste avec les Caupos allait être suivie de deux autres, l’une en 1700, l’autre en 1720, dans sa descendance même.

L’achat d’Andernos 7

Le 20 avril 1626, le juge du Captalat acheta à Angoulême « La terre, paroisse et seigneurie d’Andernaulx et Ignac ». Cette dernière vente du patrimoine de Ray­mond de Forgues fut conclue par sa veuve, Catherine Redon, pour une somme de 7 500 livres. Comparé à la valeur de Lège ou de Lacanau, le prix d’Andemos était modeste, car il était directement fonction des revenus de ce fief d’Andernos-Ignac qui n’avait que des ressources très limitées, la pêche et quelques pauvres cultures.

Pierre Baleste n’était alors qu’un magistrat peu fortuné. Il ne put payer comptant son achat, mais il fournit la caution de son père qui, décidément était spécialisé dans ce genre d’intervention. La dame de Forgues faisait confiance à Pierre Baleste non seulement pour cet achat, mais aussi en lui confiant, quelques jours plus tard, la récupération des redevances dues par les tenanciers des Baronnies d’Audenge et Lacanau du temps de son défunt mari.

La vente de 1626 concernait toutes les terres, rentes et droits fonciers et sei­gneuriaux, mais aussi la justice haute, moyenne et basse. L’hommage était dû au « Roi, notre Sire ». Malgré cette mouvance royale, Andernos ne fut jamais qualifiée « Baronnie » dans aucun acte. Pierre Baleste ne porta pas le titre de Baron, titre qui fut usurpé par sa descendance.

La vente concernait aussi une petite terre dans Sanguinet en Duché d’Albret, nommé « Cornilhou » (?) et estimée une centaine de livres à peine.

Le texte contenait quelques anomalies de forme : le nom d’Andemos était incorrectement orthographié ; il parlait de « paroisse », ce qui était abusif puisque la baronnie d’Ares était pour partie de la paroisse ; Pierre Baleste se voyait gratifié du grade de « licencié en droit » qu’il ne possédait pas. Cet homme qui, par ses fonctions, aurait dû posséder le souci de l’exactitude et du détail ne fit apporter aucune correction au texte. Tout cela, sans nul doute, était sans importance…

On trouve que, le 3 septembre 1634, Pierre Baleste donnait en bail à fief 10 journaux de prés salés sur la côte d’Andemos. Le 19 décembre de la même année, il établissait le dénombrement de la seigneurie en énumérant avec précision les taxes et droits de toute nature, principalement sur la pêche, qu’il prélevait dans sa seigneurie8.

C’est sur la côte d’Andemos, tout près des terres concédées en 1634, que Jeanne de Mesplet fit réaménager d’anciennes salines. Il s’agit de la côte située au nord d’Andemos, au delà de l’église et qui fut reconvertie au 19ème siècle en ré­servoirs à poissons.

Pierre Baleste, notable

En un temps où les comportements sociaux subissaient l’influence de l’Église et des pratiques religieuses, les notables se faisaient une obligation et un droit de manifester leur foi, leur opulence et leur ostentation par dons et libéralités aux édi­fices religieux sous des formes diverses telles que constructions et travaux, édifica­tions de chapelles et caveaux privés.

C’est ainsi qu’en 1632, Pierre Baleste s’était engagé à réparer et transformer l’église de La Teste. Il fit construire une nouvelle sacristie et transférer la chapelle St-Sébastien qui devint le heu de sépulture de sa famille9. Ultérieurement, ce droit de sépulture fut confirmé à ses enfants par l’Archevêque en même temps qu’un droit au banc10.

Les troubles de 1638-1639 et leurs suites.

La saisie d’Andemos

Les dernières luttes entre l’Espagne avaient amené à La Teste de nombreuses troupes « tant cavalerie qu’infanterie ». Il fallut assurer le logement et l’entretien de ces troupes et trouver le financement nécessaire. Les bourgeois testerins lancèrent un emprunt de 1 600 livres qui fut négocié par leur mandataire, Thoumieu Peyjehan, marchand. Cette somme fut avancée par une dame Ollive de Mullet, veuve Guilleragues, qui appartenait au milieu parlementaire de Bordeaux. Par contrat du 19 avril 163911, les bourgeois et notables de La Teste s’engagèrent solidairement et indivisiblement à garantir cet emprunt ; et, en conséquence, ils hypothéquaient tous leurs biens. Parmi ces garants figurait le juge Pierre Baleste. Or, le remboursement traînait, la dame de Guilleragues céda sa créance à Pierre Laville de Biganos, frère de Jean Laville, le futur Baron d’Ares. A la suite d’un arrangement de famille, Jean Laville devint titulaire de la créance et trouva là une possibilité de mettre la main sur Andernos. Il fit saisir cette seigneurie, mais, en 1663 et 1664, les héri­tiers Baleste réussirent à se dégager en soldant les 1600 livres et les intérêts qui s’élevaient à 121 livres12. Andernos resta dans le patrimoine des Baleste.

Tentatives sur Lacanau

En 1642, 1643, la baronnie de Lacanau, jusque là propriété de Pierre Baleste, cousin de celui d’Andemos, était passée à son fils aîné appelé encore Pierre Ba­leste. Dans des circonstances que nous ignorons, Pierre Baleste d’Andemos, en sa qualité de parent du seigneur de Lacanau et conjointement avec Catherine Damanieu, dame d’Audenge et aussi parente des Baleste de Lacanau, tenta un retrait lignager de Lacanau, c’est-à-dire qu’il prétendit devenir propriétaire de cette baron­nie après avoir désintéressé un nouvel acquéreur. L’opération échoua. Le juge Pierre Baleste et la dame d’Audenge furent déboutés et condamnés aux frais par arrêt du Parlement de 1645.

Le décès de Pierre Baleste – Ses enfants.

La date de ce décès est inconnue. Elle se situe vers 1650 – 1655, car à cette période le Captalat a un nouveau juge, Jean Fontebride.

A son décès, Jeanne de Mesplet, sa veuve, devint la tutrice de ses jeunes enfants, Marie, Jean, et François.

Cette dame de Mesplet n’était pas originaire de La Teste, mais des Landes. Sa maison de famille était à St Pierre de Vie près de Dax, cependant les Mesplet s’étaient établis à La Teste depuis le siècle précédent13 et ils s’y trouvaient encore en fin de siècle. C’étaient des commerçants.

A son décès vers 1660, la tutelle des enfants échut à son gendre, David de Saint-Paul. C’est manifestement dans ses relations landaises que Jeanne de Mesplet trouva un mari à sa fille aînée. Le 16 février 1654, on célébrait, à La Teste, les fiançailles de Marie et de David de St Paul, alors vice-sénéchal des Lannes14, qui lui aussi était dacquois et résidait à Port de Gousse. Le curé de La Teste n’eut pas l’honneur de bénir le mariage. Déçu, il nota à la suite de l’acte de fiançaillage « sont allés s’épouser à Andernos, mariage nul bien que consommé ». On ne pouvait en moins de mots accuser les jeunes mariés de concubinage et leurs enfants à ve­nir de bâtardise. Le curé de La Teste ignorait que les seigneurs hauts justiciers se mariaient habituellement dans les paroisses soumises à leur juridiction, plutôt que dans celle de leur domicile. Ce n’était qu’un usage.

Jean Baleste était né vers 1637. François le 9 juin 164915. En matière de mariage, ils furent traditionalistes et épousèrent deux sœurs Taffard, filles de Pierre Taffard de la Ruade. Elles étaient les sœurs de Nicolas Taffard qui, en 1715, était commissaire aux classes de la marine de La Teste et juge du captalat de Certes. Une autre sœur était mariée à un Mesteyrau, juge de Born. Des juges dans toutes les alliances !…

II – LA DESCENDANCE DE PIERRE BALESTE 

Jean Baleste, juge et maire de La Teste, co-seigneur d’Andernos

Au décès de son père, Jean, fils aîné du juge du captalat était très jeune. Il n’avait pas terminé ses études. L’office de Juge échappa à la famille. Jean Fontebride, jusque là Procureur d’office, devint juge et le resta pendant une quinzaine d’années. Après lui, ce fut Pierre de Baleste-Martinon qui resta juge jusqu’à son décès à 85 ans, le 6 février 1686. Il semble que ce Baleste-Martinon n’était autre que le beau-père de Jean de Caupos, vicomte de Biscarrosse et qui avait été juge de Lacanau.

Jean Baleste prit la suite de Pierre Baleste-Martinon. Il avait épousé le 27 novembre 1677 Catherine Taffard de la Ruade, peut être en second mariage car il avait alors une quarantaine d’années. Marie Baleste naquit de cette union, le 18 septembre 1684 et fut la seule héritière de ses parents.

Le 22 janvier 1693, Jean Baleste accédait au sommet des honneurs et respon­sabilités testerines en devenant « maire de La Teste », selon lettres royales à lui adressées à la suite de la création de cet office de « conseiller du Roi, maire perpé­tuel ».

Son décès survint trois ans plus tard. Le 18 décembre 1696, il était enseveli dans la chapelle Notre-Dame de la Guérison et de Saint-Sébastien « en présence de presque toute la paroisse ». Il avait fait de nombreux dons et legs à l’église et le curé prit soin de le noter.

Catherine Taffard, sa veuve, lui survécut jusqu’au 30 avril 1710.

François Baleste. Maire de La Teste, co-seigneur d’Andernos

L’office de maire, comme tous les offices royaux, était une charge hérédi­taire et François Baleste, seul parent susceptible d’en hériter, en fut pourvu par lettres royales du 28 juin 1697.

Il avait épousé Marie Taffard le 9 juin 1676 et mourut sans descendance le 14 septembre 1706 à 60 ans. Son épouse lui survécut et mourut la même année que sa sœur, le 17 juillet. « Les dames d’Andernos furent inhumées ensemble ». Marie Taffard avait testé16 en faveur de son frère et de sa sœur Marie, épouse Mesteyrau. Sa succession créa quelques difficultés entre Marie Baleste d’une part, ses oncles et tante Taffard d’autre part.

Jean et François Baleste portèrent l’un le titre de seigneur d’Andernos, l’autre de Seigneur d’Ignac ; parfois les titres furent inversés. A vrai dire, ils étaient les co-seigneurs de ces deux fiefs, car l’héritage de leur père était resté indivis.

L’indivision et le rachat d’Andernos

Pierre Baleste ne prit pas de dispositions testamentaires en faveur de Jean, son fils aîné. Il n’avait pas réglé sa succession et son patrimoine, resté indivis entre ses enfants, fut géré par sa veuve, puis par son gendre à partir de 1663. La tutelle de David de Saint-Paul créa des difficultés entre les enfants devenus majeurs et lui-même. Il y eut un procès, il fut condamné par le Parlement17.

En 1712, Andernos était toujours indivis entre les descendants des trois frères et sœur Baleste, à savoir Marie Baleste, épouse de Gérard de Caupos, et son cousin germain, Jean Pierre de St Paul. La maison de famille des Mesplet à St Pierre de Vie n’avait pas été attribuée, elle non plus. Par acte du 28 mars 1712 « la maison de Mesplet » fut attribuée à St Paul et la seigneurie d’Andernos et Ignac attribuée en pleine propriété à Marie Baleste, moyennant une soulte de 3 500 livres. Or les affaires de David de St Paul avaient été mauvaises. Sa maison noble de Port de Gousse avait été saisie et adjugée en 1687 pour être définitive­ment adjugée à Marie Baleste, le 7 septembre 172219, héritière d’ailleurs de ses cousins décédés Jean Pierre St Paul, et de sa sœur. Elle revendit cette maison noble en 1727.

Ainsi disparurent les derniers intérêts que possédaient en pays dacquois les Baleste d’Andernos depuis les deux mariages landais.

Le mariage Caupos-Baleste An 1700 et ses conséquences.

Au début de l’année 1700, Marie Baleste née le 18.9.1684 était dans sa sei­zième année, elle était mariable, sa fortune n’était pas énorme ; sans doute était-elle propriétaire d’un tiers d’Andernos et Ignac et de quelques biens de son père, elle avait aussi quelques « espérances » pour la succession de son oncle François, qui, marié depuis 24 ans n’avait pas d’enfant.

Tout cela était sans doute suffisant pour espérer un bon mariage. Elle épousa Gérard de Caupos. Le mariage était socialement bon et flatteur, Gérard de Caupos était noble, mais matériellement le mariage était décevant, Gérard était un cadet sans fortune. Il était le dernier fils de Jean de Caupos qui avait effectué une émer­gence sans précédent, un demi-siècle plus tôt, en accédant aux privilèges de la noblesse par l’achat d’un office de Conseiller du Roi, secrétaire en la Chancellerie de Guyenne, il avait acheté aussi la vicomte de Biscarosse et la Baronnie de Laca­nau et possédait également, mais en roture, d’innombrables immeubles, terres et forêts. Cette fortune était passée à Jean Marc de Caupos, fils aîné, avec tous les titres familiaux importants, Gérard de Caupos simple « écuyer » ne possédait pas de fief, ni de titre reluisant, seulement celui de « seigneur de Lavie » (dans les Lan­des). Or, Gérard de Caupos-Lavie approchait 30 ans, Marie Baleste avait la moitié de cet âge, cette différence n’était pas un obstacle, le mariage eut lieu et le contrat fut signé le 12 mars 1700 chez Desgons20, notaire de La Teste. Marie Baleste apportait tout l’héritage de son père à l’exception de la moitié de sa maison dont sa mère conservait l’usufruit. Le contrat ne précisait pas la nature et l’importance de cet héritage. Le fiancé « promettait d’habiller la Demoiselle Baleste le jour de ses noces » et rien de plus, laissant à la demoiselle Taffard le soin de pourvoir par la suite au vestiaire de sa fille et à son entretien. Il promettait aussi des bijoux, selon l’usage.

Ce ménage peu fortuné s’établit à Andemos où les seigneurs possédaient une maison plutôt modeste et qui, à la Révolution, tombait en ruines. Il con­servait cependant ses attaches familiales de La Teste.

Gérard de Caupos administra Andernos et rendit, après le décès de Fran çois Baleste, les hommages au Roi, les 10 juillet 1711 et 10 juillet 171721.

Par lettres royales du 29 février 1708, Gérard de Caupos, époux de Marie Baleste, nièce du défunt François Baleste, maire perpétuel de La Teste, recevait cet office héréditaire de Maire. Sans doute, cette fonction l’appelait-elle à partager son temps entre Andernos et La Teste ; c’est là qu’il mourut le 13 juin 1721.

De son mariage sont nés deux enfants :

– François de Caupos, né à La Teste le 17.9.1701

– Marie de Caupos, née à La Teste le 26.8.1703

Marie de Baleste s’éteignit à La Teste le 30 avril 1749 et avec elle le dernier des Baleste d’Andernos.

Le mariage de 1700 eut des conséquences familiales alors tout à fait impré­visibles. A la suite de plusieurs décès survenus dans la famille Caupos, à la suite aussi d’un second mariage Caupos – Caupos en 1720, la seigneurie d’Andernos entra dans le patrimoine des derniers Caupos et accrut encore l’immense fortu­ne constituée par Jean de Caupos et ses enfants. C’est ce que nous verrons ulté­rieurement.

P. LABAT

 NOTES ET RÉFÉRENCES

1. Cf Bulletins 23 et 24 de la SHAA « Les Barons d’Audenge, seigneurs d’Andernos et Lacanau ».

2. Le fascicule publié par Denis et Christophe Blanchard-Dignac intitulé « État-civil du Captalat » n’est pas une véritable étude de généalogie mais un précieux relevé par famille des alliances qu’elles ont établies. C’est une bonne base pour des recherches plus précises.

3. A.D.G. G419

4. À cette époque, il n’y avait aucun préjugé d’âge. Le favoritisme battait son plein. Lorsqu’il arriva à Bordeaux, en 1600, pour occuper le siège de l’archevêque, François de Sourdis n’avait pas 25 ans. Il était cardinal depuis 1 an.

5. En 1614, le juge était Jean Dusol, avocat ; en 1597, il était déjà juge de Certes. En 1617, Pierre Baleste est juge.

6. Insinuations du Parlement

7. A.D. des Charentes E 340

8. cf bulletin 7 de la SHAA

9. Contrat Dautiège à Bordeaux du 26.11.1632

10. Ordonnance de l’archevêque ; le 7-1-1680 Fonds Ducasse A.M. Bx

11. Notaire de Lafitte de Bordeaux – ADG 3 E 15239

12. A.D.G. 3 E 3904, Darmazacq, notaire année 1663 p. 46, année 1654 p. 98

13. AD.G, Brun, notaire de Gujan, 1592, testament de Jeanne de Mesplet, épouse Caupos

14. État-civil de La Teste, registre détenu actuellement par la mairie de Lanton !

15. D’après le texte de sa nomination à l’office de maire.

16. Le testament du 6-2-1710 est perdu. Il est connu d’après son enregistrement.

17. Arrêt du 23-1-1674, non retrouvé.

18. Fau – notaire à Bordeaux – 3 E 5980

19. Fau – notaire à Bordeaux – 3 E 6009

20. AM. Bx – Fonds Ducasse N° 29. Les minutes Desgons ont été dispersées, détruites ou dis­parues. Le texte du fonds Ducasse étant une minute.

21. A.N.P 534/4

Extrait du Bulletin n° 39 du 1er trimestre 1984 de la Société historique et archéologique d’Arcachon et du Pays de Buch

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