Les “chaffres” héréditaires

LES “CHAFFRES” HÉRÉDITAIRES

 

Le surnom — chaffre en gascon — se perpétuait autrefois dans la descen­dance du premier qui l’avait reçu, même quand la particularité physique ou la profession qui étaient à l’origine n’étaient plus justifiées. Nous en donnerons trois exemples.

 

« Lou mitane »

François Ducamin d’Ares, était surnommé « mitane », vraisemblablement parce que lui, ou un de ses ascendants portait ou avait porté des mitaines. En 1802 il épouse Jeanne Glangé, de Lège dont il eut plusieurs enfants. Le second garçon, Jean, reçut le surnom habituel de « cadichon », diminutif de « caddet », le petit cadet. Quand François Ducamin, dit « mitane », mourut en 1850, âgé de 88 ans, Jean Ducamin, dit « cadichon », cessa d’être « cadichon » et devint « mitane ». Il avait épousé à Lège une fille Laroza. Le couple n’eut qu’un enfant, une fille qui fut prénommée Jeanne, la Jeanne dou Mitane. Celle-ci épousa un Despujols, qui du vivant de son beau-père fut le gendre à Mitane et Mitane après la disparition de ce dernier. Le surnom passa alors dans la famille Despujols où il est encore porté.

 

« Lou tilh »

En 1775 François Lacaze, de Lège, était dit « lou tilh », abréviation de « gentilh » (gentil). La dernière descendante des Lacaze épousa un Lartiqau et fit entrer le chaffre de sa famille, comme dans le cas précédent, dans celle de son mari. Les Lartigau sont actuellement dits « tilhots »ou petits « tilhs ».

 

« Lou mouliney »

Les Guittard furent meuniers de Lège pendant des générations. Au 19 e siècle le meunier Guittard avait un garçon, Auguste, et une fille, Marie. Auguste travaillait au moulin avec son père. Il parcourait les environs avec sa mule, allant chercher le grain et rapportant la farine. Pour tout le monde il était « lou mouliney ». Il se maria avec une Élies, du Grand Houstau, et cessa de travail­ler avec son père pour devenir résinier. Il n’en resta pas moins « mouliney » et son fils Alban, qui ne travailla jamais au moulin, fut aussi « mouliney » et ses descen­dants le sont toujours.

Marie Guittard épousa Jean Bos qui remplaça au moulin son beau-frère Auguste. En 1890 le moulin cessa toute activité et fut démoli, mais Jean Bos toute sa vie resta « lou mouliney ». Son fils aine Maurice, fut aussi « mouliney », mais ce surnom s’éteignit avec lui dans la famille Bos.

Isabelle VERDIER

 

Extrait du Bulletin de la Société historique et archéologique d’Arcachon et du Pays de Buch N° 15 du 1er Trimestre 1978

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